Lu pour vous
L'Union africaine va aider les victimes de la sécheresse
Les gouvernements africains étaient appelés hier, lors d'une conférence de l'Union africaine, à contribuer à l'aide internationale en faveur des 12 millions de personnes frappées par la sécheresse dans la Corne de l'Afrique.
Le déblocage d'une « enveloppe globale » de 245 millions d'euros a été annoncé.
C'est une première. La première fois que l'Union africaine (UA) organise une conférence pour lever des fonds destinés à lutter contre une crise humanitaire sur le continent. La première fois que ses dirigeants se retrouvent pour prendre en main un destin régional. Et le résultat a été à la hauteur de l'attente. La banque africaine de développement a promis une aide de 209 millions d'euros étalée sur plusieurs années tandis que les pays africains et d'autres donateurs réunissaient pour leur part 36 millions d'euros.
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L'Afrique, pourtant concernée au premier chef, n'a pas semblé d'abord prendre la mesure de l'urgence. Une première réunion de l'Union africaine, prévue le 9 août, a été repoussée au 25. À Addis-Abeba hier matin, les rangs étaient clairsemés. Les quelques dirigeants présents, les intéressés, le président somalien, Cheikh Sharif Ahmed, le premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, et le président djiboutien Ismaël Omar Guelleh devaient fulminer contre le manque de solidarité de leurs homologues.
Les voilà probablement rassurés. Ces promesses de dons, si elles sont réalisées viendront combler un peu plus l'immensité des besoins : sur 1,7 milliard d'euros nécessaires, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), 760 millions devaient encore être financés. Le président de la commission de l'UA, Jean Ping, avait lancé le 17 août un appel à la solidarité : « Il faut montrer au reste du monde que nous savons être mobilisés », avait-il insisté, avant d'ajouter : « Même un État membre que l'on pourrait qualifier de pauvre devrait apporter sa contribution, en argent ou en nature, même symbolique. »
MARION QUILLARD
(La Croix 26 août 2011)
Concrètement ?
L'Afrique se mobilise pour la Somalie
A Addis- Abeba, hier, 21 des 54 pays africains se sont engagés à verser 245 millions d'euros pour lutter contre la famine.
« C'est la première fois que l'Afrique montre sa solidarité pour une cause africaine », s'est réjoui le président guinéen Teodoro Obiang Nguema, à la tête de l'Union africaine. L'équivalent de 245 millions d'euros ont été collectés.
La Banque de développement fournit, à elle seule, 207 millions. Les donateurs les plus généreux sont l'Algérie (6,9 millions), l'Égypte (3,4 millions), la République démocratique du Congo et le Gabon. « C'est un point de départ, nous sommes très heureux du résultat », a commenté Jean Ping, président de la Commission de l'Union africaine.
Des organisations humanitaires, telle Oxfam, sont plus réservées. En effet, seule une poignée de chefs d'État a participé à cette conférence. Autres motifs de déception : 33 pays n'ont encore rien donné et le secteur privé, pourtant sollicité, était quasi-absent.
En Somalie, en Éthiopie, à Djibouti, dans le nord du Kenya et de l'Ouganda, la sécheresse décime le bétail et ruine les cultures. Selon l'ONU, 12,4 millions d'habitants sont affectés. Parmi eux, 2,8 millions ont besoin d'une aide d'urgence et 450 000 sont touchés par la famine. Et il reste plus de 700 millions d'euros à trouver.
À Paris, hier, des ministres réunis à Matignon ont évoqué l'emploi des 30 millions d'euros débloqués par la France. 10 millions ont été « décaissés fin juillet, le restant le sera dans les prochains jours ». La Croix-Rouge et des ONG financeront ainsi des kits d'hygiène, des matériels permettant l'accès à l'eau. Le 1er septembre, un cargo quittera Toulon avec 320 t de nourriture.
(Ouest France, 26 août 2011)
PAROLE
PATRICK DIKOUMÉ
Porte-parole du Collectif « Diaspora Afrique »
« Nous appelons les Africains au sursaut »
« La famine a été annoncée le 20 juillet, et nous sommes fin août. Pendant tout ce temps, les Africains n'ont pas su se saisir de cette affaire-là : quel échec ! J'attendais de la conférence de l'Union africaine qu'elle casse cette spirale de confort dans laquelle les dirigeants africains se complaisent en laissant les autres faire à leur place. Il faut que les Africains soient les premiers à s'occuper des affaires africaines. J'attendais une mobilisation d'urgence, car il faut que les leaders que sont l'Afrique du Sud et le Nigeria mettent de l'argent sur la table. Il faudrait aussi une solution de moyen terme : doter l'Union d'une structure opérationnelle de gestion des crises alimentaires. C'est une priorité. Nous appelons les Africains au sursaut : la légitimité de l'Union ne pourra passer que par l'instauration de mécanismes de solidarité. »
RECUEILLI PAR MARION QUILLARD
(La Croix 26 août 2011)
Le délai entre le début de la crise alimentaire et la réaction de l’Union africaine est en effet saisissant. Mais, comment ne pas se réjouir de cette prise de conscience même tardive, même insuffisante !
C’est une première. L’espoir est donc permis. Il faut l’amplifier et continuer dans ce sens, en donnant un contenu non seulement à « l’Union africaine », mais aussi à la « solidarité africaine », afin que ce sursaut tardif et partiel soit tout sauf un feu de paille.
L’apprentissage de la solidarité entre États africains est un indice positif et prometteur pour l’avenir du continent. Il peut porter en germe l’exercice de la solidarité au sein des États, entre populations, au-delà des clivages, ethniques, religieux…