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9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 09:41

 

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L’avis du spécialiste

 

 peau noire 303X127


« Peau noire, masque éclaircissant

 

En Afrique subsaharienne, un quart de la population urbaine utilise couramment des crèmes éclaircissantes – une majorité de femmes, mais aussi des hommes. Ces produits, qui inhibent la synthèse de la mélanine, contiennent des substances nocives (dérivés de la cortisone ou de l'hydroquinone, sels de mercure, trétinoïne).

Les effets indésirables cutanés sont les plus évidents : hyperpigmentations ou dépigmentations non homogènes, en confettis ou en plaques... que les utilisateurs cherchent à masquer sous d'autres crèmes ! Plus graves sont les lésions de la peau et des capillaires, les infections cutanées ou les mycoses, responsables à Dakar de 10 % des hospitalisations en dermatologie. Pis encore : l'hydroquinone pourrait favoriser les cancers de la peau.

Des réactions « allergiques » peuvent se produire. La cortisone modifie le fonctionnement de la glande surrénale et favorise l'apparition d'un diabète ou d'une hypertension. Le mercure est la cause de graves maladies des reins. Enfin, des risques de malformations fœtales existent lorsque la mère utilise des crèmes contenant de la trétinoïne, voire de l'hydroquinone et du mercure.

Comment conclure, sinon en mettant en garde contre ces produits éclaircissants? D'autant que la peau noire résiste mieux que d'autres au vieillissement. Et qu'elle est appréciée sur le plan esthétique. »

 

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    Le poète président sénégalais Léopold Sedar Senghor l’avait compris, en chantant et exaltant la beauté de la femme noire, en célébrant avec emphase la couleur de sa peau et sa forme.

    Puisse-t-il être entendu avec le concours éclairé du spécialiste en médecine.  

 

fleurs 173

 

Femme noire


Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté !
J’ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeux.
Et voilà qu’au cœur de l’Eté et de Midi, je te découvre, Terre promise, du haut d’un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l’éclair d’un aigle.
 

Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d’Est
 

Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l’Aimée.
 

Femme nue, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau
Délices des jeux de l’esprit, les reflets de l’or rouge sur ta peau qui se moire
A l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.

Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’Eternel
Avant que le Destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.

(Léopold Sedar Senghor, Chants d’ombre, 1945) 

 

fleurs 173


Femme nue, femme noire

 

Que fais-tu

de ta forme ?

de ta couleur ?

de ta peau ?

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5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 09:51

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Noirs en Europe, une quête de respectabilité

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(Ouest-France,23 septembre 2011)

 

 

Le CRAN aurait-il le même souci que le « chasseur de préjugés » berlinois ? (voir article du blog « chasseur de préjugés en Allemagne »). Pour améliorer le sort des Noirs en Europe, leur conférer plus de respectabilité, l’urgence me semble-t-il, n’est pas qu’un Africain soit président de la République en France ou chancelier en Allemagne, ou ailleurs en Europe.

Si l’objectif c’est la promotion, l’ascension sociale des Africains en Europe, leur intégration et leur protection contre les abus liés à la couleur de leur peau ou à leurs origines, le combat doit être mené prioritairement en Afrique, c’est-à-dire en amont. Il s’agit de faire que les dirigeants africains dirigent véritablement leurs peuples,qui les éduquent, les soignent, les forment, les respectent en se respectant eux-mêmes. Cela éviterait sans doute que des jeunes, force vive du continent, prennent d’assaut les routes et les chemins qui mènent en Europe.

Et, lorsqu’ils y arrivent, un constat s’impose : un certain nombre d’entre eux ne sont ni éduqués, ni formés, encore moins informés. Mal partis de chez eux et mal arrivés en Europe, déracinés, physiquement, mentalement, socialement et culturellement, ils végètent. Quelques-uns sont happés par illégalité voire la délinquance, ce qui compromet toute chance de respectabilité.

Vouloir les aider à s’intégrer est un objectif légitime. Pour l’atteindre, il faudrait conjuguer l’action de formation et d’information, en Afrique d’abord, avec l’exemplarité dans l’exercice du pouvoir politique, une volonté affirmée d’œuvrer à l’épanouissement de la jeunesse, en lui offrant des perspectives et des raisons d’espérer.

Le second volet devrait porter sur  l’action d’associations comme le CRAN et d’autres, de même que des bonnes volontés quelles que soient leurs origines : européennes ou africaines, ainsi qu’un long et patient travail auprès de ceux qui végètent, perdus, barricadés dans des squats de banlieues, étrangers à eux-mêmes comme aux autres. Telle me semble être la priorité du moment.

Quand bien même il y aurait un président ou un chancelier noir en Europe, cela ne changerait rien à l’image de l’Afrique et à la situation des Noirs en Europe, parce que c’est bien d’abord en Afrique que l’image des Africains aurait besoin d’être réhabilitée, car c’est là qu’elle est blessée, là qu’il faut la soigner en priorité.

Quant au CRAN d’une manière générale, mon appréciation reste la même à son égard, et celle qui suit, publiée par le quotidien Ouest-France :

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CRAN, en réalité écran

 

M. Tidiane Diakite, professeur agrégé, revient sur la création du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN). Il est l'auteur d'un livre intitulé « France, que fais-tu de ta République ? » (L'Harmattan) :

 

« La création d'un tel mouvement dans ce pays est une erreur, une voie sans issue qui ne pourra qu'approfondir davantage le malaise, voire le mal-vivre à l'origine de cette initiative. Son effet premier sera d'élargir le fossé entre les « Noirs » et les « Blancs ». La couleur de peau ne peut en aucune manière tenir lieu d'identité. II conviendrait, par conséquent, de le dissoudre rapidement afin de pouvoir s'immerger dans la nation par des voies plus appropriées.

 

Mais comment ne pas comprendre ses promoteurs ? Pour ces frères de « couleur », la coupe du mépris et des humiliations quotidiennes est sans doute pleine. Beaucoup de Noirs en France sont des concentrés de souffrances ambulants, des blessés permanents du cœur et de la mémoire. Comment ne pas comprendre la violence extrême de cette jeunesse à la mémoire confisquée et à l'avenir hypothéqué ? Ces adultes désarmés et dépouillés de l'essentiel : leur dignité ? Dès lors, ce cri surgi des profondeurs, longtemps étouffé, devient « CRAN », en réalité « écran », qui isole et appauvrit. Car, au sortir de leur assemblée, les membres de cette « confédération noire » auront-ils à leur service exclusif, une administration noire, des commerces et des transports noirs, des hôtels et des écoles noirs... ? Ont-ils d'autres choix que le partage du quotidien, voulu ou contraint, avec tous les autres enfants de la République ?

 

Cette même République a-t-elle rempli le contrat qui la lie à tous ses enfants ? Comment concilier la naissance d'une confédération de Noirs au sein de la République avec les valeurs fondatrices de celle-ci ? Bien des Français vivent encore dans la mentalité coloniale. Le regard qu'ils portent ainsi sur le Noir ou l'Arabe est celui du colonialiste au colonisé. Ce regard crée la distance, en rongeant le tissu social et l'esprit de nation, celui de partage et de justice.

 

C'est moins par racisme invétéré que par conservatisme mental que ceux désignés aujourd'hui par le vocable de « minorités visibles », tout particulièrement les colonisés et descendants d'anciens colonisés, sont mis en marge de la société. La mentalité française reste encore fortement imprégnée des réflexes de la société d'Ancien Régime, société d'ordres (noblesse, clergé, tiers état), hiérachisée et inégalitaire. Les anciens colonisés y constituent une sous-catégorie spéciale : les sous-ordres, qui ne peuvent accéder aux ordres supérieurs quels que soient leurs talents et leurs mérites.

 

La France se soucie-t-elle réellement de l'insertion effective de ses minorités dites visibles ? La banalisation en France de l'insidieuse expression « black, blanc, beur » n'est-elle pas en soi un indice révélateur de la dissolution de l'esprit de nation et de la notion même de « peuple français » ? Elle dissocie et stigmatise de la façon la moins valorisante les éléments constitutifs de la nation en « blanc, beur, black ». Ce dernier, de consonance anglo-saxonne est impropre à la culture française. Il imprègne le mental des jeunes Noirs, les éloignant ainsi de la culture originelle du milieu dans lequel ils évoluent.

 

Cette segmentation de la nation selon la couleur de peau s'inscrit insidieusement dans les consciences et les réflexes. Les seules couleurs reconnues et honorées comme telles, doivent demeurer celles de l'emblème national : bleu, blanc, rouge. »

(Tidiane Diakité, Ouest-France, 5 janvier 2006)

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2 octobre 2011 7 02 /10 /octobre /2011 10:04

chat_004.gifCharité bien ordonnée commence par la bête !

 

Les mécanismes de la solidarité ordinaire paraissent aujourd’hui grippés. Autrefois, les personnes persécutées ou en proie à la misère et au désespoir allaient se réfugier à l'église.

Aujourd’hui, ayant perdu le chemin de l'église et n'ayant plus de repères sociaux ou moraux, il ne leur reste plus que la rue et les antidépresseurs. Dans notre société moderne, tomber malade s'apparente dans certains cas à une faute civique car cela coûte cher aux organismes de la sécurité sociale, d'où la question de la place des personnes âgées dans nos sociétés. Dans le même temps se développe une nouvelle forme de solidarité dont les animaux sont les premiers bénéficiaires.

La solidarité devient ainsi de plus en plus solidarité envers les animaux et de moins en moins solidarité envers les humains. L'histoire des bébés phoques qui a ému, il y a quelques années, et à juste raison, une bonne moitié du monde en est un signe annonciateur. Aux Etats-Unis, une quête effectuée pour subvenir aux frais de soins et d'hospitalisation d'une mère de famille démunie, victime d'un accident dans lequel son petit lama était également blessé, en est une autre illustration. Les Américains sollicités s'attendrirent plus sur le sort du petit animal qui recueillit des dons en dollars plusieurs fois supérieurs à ceux recueillis par sa maîtresse, la collecte ayant été organisée séparément sur chacun des noms. En la circonstance, l'orientation de la charité de plusieurs milliers d'Américains fut sans équivoque : plutôt l'animal que l'humain.

La France elle-même ne semble pas tout à fait à l'abri de cette « nouvelle forme de solidarité », si l'on   en juge par une certaine concomitance assez troublante entre deux faits datant tous deux du printemps de 1996 : un projet de loi et un rapport de députés de la République. D'un côté, le projet de loi, fort bien inspiré, préconisait la défense de nos « amis » les animaux domestiques, par des mesures de rétorsion très sévères à l'égard de tous ceux qui viendraient à maltraiter nos bons compagnons : chiens, chats, perroquets et autres volatiles, poissons rouges, tortues de Floride, serpents. Qui trouverait à redire à un tel projet ?

De l'autre, des mesures d'une sévérité excessive étaient préconisées par le rapport, à l'encontre de tous ceux qui viendraient en aide, directement ou indirectement, à des étrangers en situation irrégulière, même en danger, ces derniers devant être privés du minimum vital y compris les soins médicaux en cas de maladie ou d'accident graves, sauf urgence ou risque de contagion.

Heureusement, dans un sursaut et un réflexe salvateurs, la France réagit. Son humanisme  et son profond sens des droits et du respect de l'autre semblent avoir prévalu ; le rapport et ses préconisations furent écartés. La France reste elle-même.

 

Il faudrait inventer une Brigitte Bardot des Humains. Espérons que le XXIe siècle y veillera, malgré tout.

 

[…]

 

Face à ces progrès scientifiques sans précédent,  le défi désormais lancé à l'homme, c'est de ne pas se laisser dépasser par son invention, de se donner les moyens de pouvoir la maîtriser et la plier au bien de l'humanité. Bien sûr il n’est pas question d'arrêter le progrès, mais faisons en sorte qu'on arrête l'excès de ses méfaits. Le progrès, c'est ce qui fait avancer la conscience morale et civique de l'humanité. C'est dans ce sens qu'il faut inventer une nouvelle échelle des valeurs.

A l’instar des distinctions militaires, on pourrait imaginer des distinctions civiles équivalentes pour ceux qui domestiquent l'invention en la mettant au service exclusif de l'homme, pour ceux qui soignent la nature (flore, air, eau, faune), la protègent et la préservent, en symbiose avec l'espèce humaine... Il faut restaurer la pédagogie du naturel.

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25 septembre 2011 7 25 /09 /septembre /2011 10:15

 

054Comment démondialise-t-on ?

 

Il est de plus en plus courant d’entendre parler de « démondialisation » comme antidote au désordre économique, financier et monétaire qui secoue les nations et aux perturbations sociales qu’il engendre.

 

Démondialiser, qu’est-ce à dire ?   index

 

Si le terme « mondialisation », du moins sa popularisation, est relativement récent, la réalité qu’il recouvre ne date pas d’aujourd’hui. Nous assistons simplement de nos jours à une amplification et une accélération d’un phénomène ancien.

Les échanges de toute nature entre États, régions et peuples se sont progressivement étendus tout au long de l’histoire. De tout temps, savants et érudits, au Moyen Âge, marchands et voyageurs, aventuriers et explorateurs, du XVIe au XIXe siècle se sont croisés, ont sillonné le monde et mis en contact, pacifiquement ou au moyen de conflits, peuples, produits, cultures, idées… A cet égard, le fameux commerce triangulaire qui mit en relation continue l’Afrique, l’Amérique et l’Europe, du  XVIe au XIXe siècle, fit se rencontrer parallèlement produits d’échanges, techniques, religions, cultures… Toutes choses qui contribuèrent depuis au brassage des hommes et des cultures. Cette dynamique mondiale, s’intensifiant et se densifiant, est une caractéristique du monde contemporain.

A titre indicatif, la valeur des exportations mondiales est passée de 300 milliards de dollars en 1970, à 6 000 milliards en 2001. Et techniquement, il n’a jamais été aussi facile de se déplacer.

Les échanges culturels, technologiques, les déplacements de personnes, de capitaux, d’informations, et d’idées suivent la même pente régulièrement ascendante depuis la fin de la 2e Guerre mondiale.

 

indexQu’est-ce donc précisément la mondialisation ?

 

C’est l’interdépendance des différentes parties du monde sous l’effet de l’accélération des échanges, de l’essor des moyens de transport et des nouvelles technologies de la communication.

L’accélération des mouvements de toute nature à la surface de la planète rejoint la densification et la multiplication des flux également multiformes (marchandises, personnes, capitaux, informations, techniques…).

 

indexComment peut-on arrêter ce phénomène ? Comment démondialiser ?

 

La démondialisation devrait-elle signifier la fin de cette interdépendance entre États, régions et économies ? Le tarissement des flux qui irriguent inextricablement la planète en réduisant les distances ?

Plutôt que la démondialisation, ne faudrait-il pas rechercher les moyens d’une « humanisation » de la mondialisation ? L’infléchir afin qu’elle ne soit plus source d’angoisse pour les uns et source de profits pour les autres ? Bref, en faire le Forum planétaire d’échanges, de rencontres d’expériences, et de communion des complémentarités.

 

Puisqu'on ne peut empêcher la mondialisation inscrite dans les gênes des nations, il faut humaniser l'économie, en faire l'un des outils du bien-être des humains, non leur guillotine. Humaniser l'économie, c'est d'abord réglementer et humaniser la concurrence, car telle est la source première du mal. Faire qu'à l'échelle du monde les nations deviennent réellement partenaires et complémentaires en économie, plutôt que bourreaux et ennemies :un partenariat et une complémentarité organisés, codés.

L'économie mondiale devrait se réorganiser sur de nouvelles bases, sur une sorte de division du travail à l'échelle planétaire. Au lieu de cette confrontation mortelle, État contre État, bloc contre bloc, travailleurs contre personnes privées d'emploi, il faudrait une division du monde en « zones économiques » complémentaires et égales en dignité, sans esprit de domination ou d'exploitation, chacune se spécialisant, pour elle-même et pour les autres, dans un domaine ou un secteur économique déterminé. Faire que la « zone Europe », la « zone Afrique », la « zone Asie », la « zone Amérique »... échangent produits, techniques sur des bases établies en fonction des potentialités naturelles, humaines, technologiques, du génie propre ainsi que des besoins de chacune d'elles.

A l'intérieur des zones, il faudrait prévoir des sous-zones imbriquées, unies par des liens de complémentarité et d'égalité. Ainsi pour la « zone Amérique », le nord du continent constituera une sous-zone, de même le sud ou le centre. L'Afrique en aurait trois ou quatre voire cinq, de même l'Asie, chacune avec sa spécialisation.

Sans cette Nouvelle Économie Mondiale, qui serait l'antidote de la mondialisation sauvage et débridée, à défaut de l'éclosion d'une conscience sociale mondiale, les nouvelles technologies à l'origine des mutations industrielles ou autres délocalisations et restructurations en tous genres, apparaîtront de plus en plus comme des dévoreuses insatiables d'emplois, comme des pourvoyeuses de misères et des fossoyeuses de la paix. Le nouveau défi, pour les nations postindustrielles comme pour les autres, c'est concilier compétitivité et emplois, économie et humanisme. L'économie doit désormais prendre en compte le bien-être des individus au sein des nations ainsi que le rapprochement des peuples et l'entente entre les États du monde.

 

Dans ce monde ballotté entre les extrêmes, entre la culture de l'argent et la culture du rendement à tout prix, les ratés sont légion. En économie tout d'abord, ce qui serait de nature à susciter interrogation et inquiétude (donc inciter à la réflexion prospective et constructive), c'est que nous entrons de plus en plus dans un système où la richesse crée la pauvreté et la misère. Plus certaines entreprises réussissent et grossissent leurs chiffres d'affaires de façon faramineuse, plus elles développent en leur sein et autour d'elles chômage, misère et désolation. Dans le même ordre d'idée, nos villes sont de plus en plus peuplées de morts vivants sociaux qu'on nomme « exclus », c'est-à-dire la masse des laissés-pour-compte de la consommation, sans compter les infirmes du désir car, la consommation de tout, la consommation pour la consommation est l'une des formes de la servitude : la servitude moderne, qui nous couvre de chaînes quand nous nous croyons libres, qui nous consume quand nous croyons consommer. L'alternative est simple : ou il s'instaurera au niveau mondial un système plus concret et plus ouvert de coopération et d'harmonisation de l'économie et des systèmes économiques, ou on va vers une nouvelle forme de barbarie engendrée par l'abondance de biens. Cette concurrence économique effrénée entre les nations du monde a pour aboutissement logique l'intensification du chômage, car le risque ultime, c'est l'économie pour l'économie, l'économie sans les hommes et contre les hommes. Pire, la finance contre l’économie réelle. Plus une entreprise prospère, plus ses actions sont florissantes à la Bourse, plus elle licencie de travailleurs et fait des malheureux, brise des vies et instaure le désarroi. Tant que la compétition exacerbée implique la compétitivité à tous crins, celle-ci, avec la complicité de celle-là, mènera au productivisme qui nécessitera plus de « délocalisations » et plus de licenciements, ce qui ne peut qu'aviver les tensions de toutes sortes au sein des nations et entre nations, car cette compétition sans limites ni lois est aussi une forme de guerre qui ruine les bases de l'entente et de la paix. Cette pression sur les États et les sociétés justifierait-il l’idée de démondialisation ?

 

En définitive, plutôt que la démondialisation, rêvons d’une mondialisation organisée, solidaire, une mondialisation civilisée, soucieuse d’équité et d’avenir.

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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 09:09

Caa0219.jpgPour une meilleure image de l’Afrique

 

André Degbeon Chasseur de préjugés

 

Télévision, politique, cet Ivoirien fait tout pour changer l'image des Africains auprès des Allemands. Un combat difficile dans un pays où les clichés ont la vie dure.

 

QUAND IL ÉVOQUE l'Afrique et le regard condescendant que les Européens portent parfois sur le continent, il s'emporte et sa voix monte soudain dans les aigus. C'est épidermique. Il faut dire qu'André Degbeon, Ivoirien de 53 ans, a fait de la lutte contre les clichés son cheval de bataille. Il veut changer l'image de l'Afrique, en particulier en Allemagne, terre où il a élu domicile voilà trente ans. Et la tâche est immense : ce pays connaît mal l'Afrique, et ses habitants restent perclus de préjugés. « L'image de l'Africain a peu changé depuis l'époque où on les parquait dans des zoos, analyse-t-il sans détour. Le continent est toujours associé aux animaux sauvages, à la savane. » Selon lui, rien n'est fait pour que cette vision change, surtout pas dans les médias. « La presse allemande ne relaie que des informations négatives, de misère, de maladie et de corruption. Comment voulez-vous qu'ensuite, lorsqu'un chef d'État africain vient rencontrer la chancelière, Angela Merkel, on lui parle d'égal à égal ? » II aime à répéter ce proverbe africain qui dit que « la main qui donne est toujours au-dessus de la main qui reçoit ».

 

D'où son idée, en 2003, de créer en Allemagne une chaîne de télévision qui donnerait une image positive de l'Afrique.

(Jeune Afrique, 11-17 septembre 2011)

 

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L’intention est louable mais suscite le scepticisme, car non dénuée d’utopie. Tout simplement parce qu’on ne chasse pas les préjugés, on les déconstruit.

Ce chasseur de préjugés peut accomplir un excellent travail pédagogique à Berlin pour donner une meilleure image de l’Afrique et des Africains. Mais le premier chef d’État africain en visite officielle en Allemagne, qui tend une main quémandeuse, en efface tout le bénéfice. De même que le premier petit trafiquant noir de stupéfiants arrêté, fait voler en éclat la belle prose médiatique, avec elle, l’image de l’Afrique et des Africains. L’amalgame est vite fait entre une minorité dévoyée et la majorité exemplaire dès lors qu’on fait partie de la catégorie dite « minorité visible » en Europe. Car le plus souvent, beaucoup de ceux qui jugent manquent de discernement, par ignorance, par paresse intellectuelle ou simplement par mauvaise foi.

Tout ce qui peut être fait pour améliorer l’image de l’Afrique et venir à bout des préjugés dont souffre cette image doit être tenté. Mais comment ?

La première condition, c’est de savoir quelles sont les racines anciennes de ces préjugés et ce qui les nourrit et les conforte dans le présent. Cet effort de compréhension est le préalable à toute action efficace destinée à l’éradication de ces clichés et stéréotypes. Une fois cet effort accompli, une autre réalité s’impose : ce n’est ni à Berlin, ni à Londres, ni à Bruxelles qu’il faut commencer cette œuvre salutaire pour l’Afrique. L’image des Africains ne sera réhabilitée que par les Africains eux-mêmes, et personne d’autre, et d’abord en Afrique. Cela passe par un nettoyage radical d’une certaine culture politique qui place à la tête des États, des dirigeants indignes, destructeurs de leur pays, bourreaux de l’image du continent, et qui sont la risée du monde parce que, en outre, corrompus, autocrates et incompétents.

L’Histoire a incontestablement abîmé l’image des Africains et des Noirs à partir du XVIe siècle. Il faut que les Africains en soient conscients et s’interrogent sur les causes de ce retournement de l’histoire. Pourquoi avaient-ils avant le XVIe siècle une image égale à celle des Européens et pourquoi ce décrochage à partir de cette date ? Ces réflexions et recherches préalables indiqueraient les voies de la restauration de l’image de l’Afrique, non à coups de pierres ou de canons, non par la haine ou le mépris, mais par plus d’humanité. Venir à bout des préjugés multiséculaires qui blessent cette image n’est pas chose facile, certes, mais pas non plus chose impossible. Il est largement à la portée des Africains qui doivent trouver en eux les ressources nécessaires pour forcer le respect.

Ceux qui nourrissent ces préjugés, en usent et en abusent pour nuire, sont autant victimes que les Africains, car le mépris et la haine gratuits ne grandissent pas ceux qui les professent.

Seuls les Africains peuvent détruire préjugés et clichés dont ils sont l’objet. S’ils ne sont pas responsables de leur genèse, ils sont en revanche comptables de leur permanence ou de leur existence aujourd’hui.

Pourquoi les Asiatiques (qui ont, eux aussi, subi les affres de l’Histoire) ne sont-ils pas victimes d’une image dégradée ? Pourquoi ne les montre-t-on pas du doigt dans les banlieues ? Car il ne s’agit pas seulement d’une question de couleur de peau, mais bien de comportement et de volonté de respect de soi.

Si les Européens ne font pas l’effort de connaître l’Afrique et les Africains, il appartient à ces derniers de leur montrer ce qu’ils ont, ce qu’ils sont, ce qu’ils veulent et surtout ce qu’ils peuvent. Ce n’est ni aux Européens, ni aux Américains de le faire à leur place.

Une des justifications de la lutte pour l’indépendance politique n’était-elle pas de rendre aux Africains leur dignité bafouée par le colonisateur ? Qui, aujourdh'ui, cinquante ans après l'indépendance, bafoue cette même dignité? Si des dirigeants africains réduisent leurs citoyens en esclaves, si eux-mêmes se conduisent en mendiants universels ou en autocrates mal éclairés, la chaîne de télévision créée à Berlin pour défendre l’image de l’Afrique n’y pourra strictement rien ; et tout Africain « chasseur de préjugés » en Europe n’apparaîtra de ce fait que comme un Donquichotte ou un Sisyphe contemporain.

Si les responsables africains dévaluent leur image et celle du continent, qui plus est, en dévaluant l’école, l’éducation et la formation, alors il faut que la conscience africaine s’éveille et se redresse. La respectabilité ne se commande pas, pas plus qu’elle ne s’impose à coups d’images ou de slogans. Elle se crée et se forge par l’effort, mais avant tout par le respect de soi, condition du respect des autres.

Enfin, au-delà des dirigeants, il appartient à chaque Africain de soigner son image et d’en manifester la volonté. On ne demande à personne d’être le meilleur, le plus fort ou le plus beau parce que Noir ou Africain, mais d’être soi-même, simplement, de vivre dignement du fruit de ses efforts, de faire modestement et honnêtement ce qu’il a à faire.

On n’est pas non plus méprisable parce que pauvre, car la pauvreté n’est pas un vice. Elle n’exclut ni le sens de la dignité, ni la fierté.   

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18 septembre 2011 7 18 /09 /septembre /2011 10:14

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Le XXe siècle : un autre Grand Siècle ?

 

Le XXe, vers sa fin, fut baptisé le Grand Siècle. Ce siècle est-il réellement le plus grand ? A la fin du XIXe siècle, (au début de l'ère de la science triomphante), les hommes avaient volontiers placé leur espérance de bonheur dans les bienfaits de la science et de la technique, voyant en elles de nouveaux messies appelés à délivrer l'espèce humaine des servitudes de l'existence et rendre la vie plus douce et plus heureuse.

Aujourd’hui, le jugement nécessite peut-être quelque nuance. Quand un scientifique travaille dans son laboratoire au milieu de ses instruments, quel fil conducteur le guide dans sa démarche : la recherche du bonheur de l'homme ou l'envie d'explorer ses capacités intellectuelles et la performance de ses instruments ? La science vue sous cet aspect a-t-elle pour finalité le bonheur de l'humanité ? « Je dirai au contraire que la recherche scientifique est guidée par l'instinct. On explique ce qui nous entoure, tout comme un animal explore son territoire. L'homme n'a pas fini d'explorer le sien. Je ne pense pas qu'un chercheur scientifique dans son laboratoire ait pour point de mire le progrès de l'humanité. Il cherche plutôt à explorer les possibilités, d'abord de son cerveau, ensuite la capacité de ses instruments et théories, l'apport de son environnement », (propos d'un scientifique français contemporain). La noblesse du scientifique vient précisément de ce qu'il ne s'approprie pas l'objet de sa découverte. Pasteur n'a pas gardé le vaccin contre la rage pour lui seul, pour son usage personnel. Il l'a au contraire mis au service de l'humanité tout entière. De même Fleming n'a pas gardé pour lui ni pour sa famille l'exclusivité de l'usage de la pénicilline.

Certes, en aimant la science et en aimant son prochain, ce préalable peut sans doute aboutir au bien de l'humanité. Le professeur Bernard citant l'épitaphe de Paracelse « Toute la médecine est amour », affirme : « La médecine sans la science n'est rien, mais sans l'amour, elle n'est rien non plus. »

Ce qui signifie que la recherche scientifique peut déboucher sur le meilleur comme sur le pire, que l'homme peut être à la fois pour lui-même le bourreau ou le messie sauveur puisque « la science peut trouver la main de Dieu ou la main du diable » selon Hubert Curien. La question reviendrait donc à se demander si depuis le XIXe siècle, la science a trouvé la main de Dieu, c'est-à-dire assuré le bien-être, voire le bonheur de l'homme.

L'humanité est-elle plus intelligente aujourd'hui qu'hier, plus éthique ? Le progrès matériel est certes indéniable, mais que signifie-t-il ? Un monde de plus en plus unifié techniquement, de plus en plus éclaté et déchiré humainement, de moins en moins spirituel et de moins en moins solidaire ?

 En quarante ans, la médecine a fait plus de progrès qu'en quarante siècles. En conséquence, la vie de l'homme a été transformée autant de fois. L'humanité en est-elle plus humaine, moins asservie, plus apaisée, plus épanouie dans un monde à deux faces ? L’une, celle des pays surdéveloppés de l'ère postindustrielle où l'on meurt d'abondance, d'intempérance et de solitude, l'autre, celle des pays sous-développés et attardés où l'on meurt de pénurie et de famine. Siècle des extrêmes par excellence, ce siècle finissant est sans doute le plus curieux de l'histoire des hommes, celui où se côtoient le sublime du bien et le superlatif du mal, siècle de merveilles des merveilles, siècle des paroxysmes de l'horreur... La modernité n'est pas le progrès. Le vingtième siècle, à la différence de tous les siècles précédents, est parvenu à s'arroger le titre de maître de l'espace et du temps, en réduisant l'espace et en numérisant le temps, ces deux dimensions essentielles de l'existence. Il a vaincu la lèpre pour l'essentiel, la tuberculose, la syphilis, il a permis de fouler le sol de la lune et de narguer les plus lointaines galaxies... C'est désormais l'ère des bébés éprouvette et des bébés numérisés...

 Le XXe siècle a indéniablement ses bons côtés. Qui le nierait ? Même si ses nouvelles valeurs, au rang desquelles l'intempérance, sous toutes ses formes : la vitesse, la consommation, les technologies de l'information... sont sujets de préoccupation. On veut aller vite, trop vite, on veut consommer vite, trop vite, on veut vivre vite, trop vite... Ainsi, les fruits sont-ils « mûris » et consommés avant terme, comme le sont veaux, moutons, volailles... Toutes valeurs qui ont écrasé les vieilles valeurs non marchandes. On va d'autant plus vite que l'on vit dans un monde sans repères. En voulant aller plus vite, trop vite, deux notions qui sont deux données fondamentales de notre existence, la patience et la durée se perdent ; perte aux conséquences incalculables. On perd le sens de la patience. Or sans patience, il n'est guère de durée, ni de persévérance ou de constance, ni résistance. On ne sait plus attendre, on ne sait plus désirer, ni se désirer. On veut tout, tout de suite. On veut brûler le temps. En brûlant le temps, on se brûle.

On a tendance à oublier qu'il faut d'abord apprendre à marcher avant de courir ou sauter, et que la meilleure façon de marcher, c'est de mettre un pied devant l'autre et de recommencer. Se voulant le siècle de la vitesse, notre siècle est aussi devenu celui de l'instantané. Ainsi nous ne vivons plus que sur des ressorts émotionnels et instantanés. Un événement chasse l'autre en l'espace de quelques heures au mieux ; une mode chasse l'autre, une réforme chasse l'autre, une invention chasse l'autre... Bref, nous assistons à un ping-pong vertigineux de l'esprit, qui ne permet plus la pensée dense, mûrie et clairement élaborée. On confond vitesse et action, on confond technique et vitesse alors que technique, du grec tekhnikos, formé sur teknê, signifie art, art manuel. Or, l'art est lenteur et profondeur, lenteur d'exécution et profondeur de sens. Quelle mentalité individuelle, ou collective cela engendre-t-il ? Quel sort cela fait-il subir à la hiérarchie des valeurs, à la valeur des choses, au sens de la durée, de la fidélité, en un mot de la vie ? L'échelle des valeurs en est brouillée en bien des cerveaux.

A l'inverse, ceux qui ne peuvent suivre cette course endiablée constitue une catégorie à part qui, ayant perdu le sens de l'instant soit se réfugient dans la contemplation nostalgique passive et recueillie du passé, soit sont terrifiés par la peur du futur, l'angoisse du lendemain, pain béni pour les charlatans en passe de constituer une classe sociale nouvelle aux effectifs sans cesse en hausse, avec un « art » chaque jour mieux élaboré.

Ce monde, avec la connivence de la science et des techniques sous toutes leurs formes, balance entre deux pôles : le pôle de l'excessivement complexe et celui de la simplification extrême, le pôle de la « perfection des moyens et celui de la confusion des sens ». Il devient ainsi d'une part difficile de faire simple dans un monde de tumulte et de fracas où l'écume des vagues empêche de percevoir le mécanisme profond des marées, où le superficiel recouvre les tendances lourdes, l'image et le virtuel, la réalité profonde. De l'autre, la simplification excessive de certains actes quotidiens de la vie suscite des interrogations : de son fauteuil, tourner un bouton pour avoir son petit déjeuner, tourner un autre pour faire ses courses toujours sans bouger de sa chaise, ou demain, voter à toutes les élections sans sortir de chez soi... En tuant tout effort, en éliminant tout goût et toute raison d'agir du corps et de l'esprit, ne tue-t-on pas un peu la vie ? Il est un autre risque : la coupure inégale du monde entre la très petite minorité de ceux qui conçoivent ces machines sophistiquées, et l'immense majorité des consommateurs passifs.

Ces nouvelles valeurs ont leurs nouveaux maîtres et leurs nouveaux prêtres parmi lesquels l'argent a une place de choix. De son piédestal, il régente à sa guise le monde et les mœurs. Une société n'a de valeur que par rapport à la valeur qu'elle accorde à l'homme. Or, la recherche de l'argent pour l'argent, tout comme celle de la science pour la science, tend vers la négation de l'homme.

Une des différences entre la société d'hier et celle d'aujourd'hui, c'est qu'hier, on sortait de chez soi pour « aller aux nouvelles », tandis que de nos jours, on rentre chez soi pour « aller aux nouvelles ». Hier, on sortait de chez soi pour aller à la messe, sur la Grande Place, aujourd'hui, on rentre chez soi pour subir le prêche des médias. Cela change tout ; par cette magie, on connaît mieux ceux qui vivent à des milliers de kilomètres alors qu'on ignore tout du voisin le plus proche. On ne sait ni son nom, ni sa profession, ni ses goûts ou ses soucis.

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14 septembre 2011 3 14 /09 /septembre /2011 09:26

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Solidarité africaine. Mythe et réalité.

 

Il est heureux qu'une revue africaine d'audience internationale ose enfin lever le voile sur l'inertie des consciences africaines et sur ces tragédies multiformes à huis-clos qui en résultent.

 

Si seulement l'éditorial de cet hebdomadaire intitulé  : "Solidarité africaine" pouvait servir d'aiguillon en la matière !

 

"Mais que font les Africains eux-mêmes, si prompts à exiger que l'Occident cesse de s'immiscer dans leurs affaires? Rien, ou si peu. Ni en amont à titre préventif, en consacrant par exemple au moins 10 % de leur budget à l'agriculture, comme l'engagement - jamais tenu - en avait été pris à Maputo, en 2003, par l'Union africaine (UA), ni en aval pour au moins sauver ceux qui peuvent l'être (50 millions de dollars seulement de promesses de dons lors du sommet d'Addis-Abeba, le 25 août, auquel plus de la moitié des pays membres de l'UA n'ont même pas daigné assister!). Les États africains n'ont-ils pas les moyens de secourir leurs frères? Où sont passés l'Afrique du Sud, l'Angola, l'Algérie ou le Nigeria?

Et les pays concernés? Certes, la Somalie demeure un cas à part, pour des raisons évidentes. Mais le Kenya ou l'Éthiopie ? Pourquoi ces deux nations, qui disposent de ressources, d'administrations et de cadres, seraient-elles vouées à la famine, sinon à cause de leur incurie, ou pis, de leur volonté délibérée de laisser souffrir ou mourir certaines populations guère en cour auprès du pouvoir central?

La situation de la Corne de l'Afrique est une honte. En particulier pour nos dirigeants, qui multiplient les promesses sans lendemain à chaque crise alimentaire et détournent aujourd'hui le regard en attendant que d'autres trouvent une solution aux problèmes dont ils sont souvent la cause. Vous avez dit solidarité africaine?"

(Jeune Afrique, 11-17 sept. 2011)

 

A n'en pas douter, l'Afrique n'est malade ni de l'Occident, ni du climat, mais bien de ses dirigeants... peut-être d'elle-même.

 

Les Occidentaux, c'est habituel, sont la cible de bien des critiques : accusés tantôt d'interventionnisme, tantôt de néocolonialisme... et s'ils n'interviennent pas, d'indifférence coupable.

 

Ainsi quand ils interviennent dans certains Etats comme la Côte d'Ivoire, la Libye ou ailleurs ,pour protéger des populations civiles exposées à la folie meurtrière des dirigeants, ou en proie à la famine, on les accuse toujours de néocolonialisme.

Les responsables africains, eux, brillent par leur silence et leur inaction face à ces situations.

 

L'Afrique n'en serait certainemen pas là si ses Etats étaient solidaires entre eux. C'est sans aucun doute une des principales sources des difficultés du continent à émerger.

 

Sourds aux cris des affamés et autres victimes de désastres humanitaires, les dirigeants africains le sont aussi au sort des plus faibles et des opprimés victimes de toutes les violations des droits humains.

 

Le cas des Noirs en Libye, abandonnés à leur sort, en est une parfaite illustration. Les conditions inhumaines réservées à ces malheureux sont loin d'être ignorées en Afrique. L'Union africaine calquée sur l'Union européenne est censée faire de l'Afrique une grande famille au sein de laquelle tous les droits sont garantis aux individus en vue de l'épanouissement de tous. La Libye est membre éminent de cette organisation. Et pourtant !


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Imagine-t-on des ressortissants d'un Etat de l'Union européenne traqués, lynchés en pleine rue dans un autre pays membre ? Des citoyens belges massacrés en France en toute impunité ? Des Espagnols en italie ? Des Danois au Luxembourg, abattus et sommairement enfouis dans des fosses communes ?

 

Que les Occidentaux ne tardent pas à se pencher sur le sort de ces Noirs en Libye,afin de leur apporter l'assistence d'urgence que requiert leur situation.

 

Pourtant, l'Afrique dispose d'un véritable arsenal institutionnel et juridique digne des régions du monde les plus avancées en matière de garantie des droits humains.

 

L'Union africaine dispose ainsi d'une Charte des droits de l'Homme adoptée le 27 juin 1981 à Nairobi (Kenya) au cours d'une conférence des chefs d'Etat, empreinte d'une grande solennité, scrupuleusement calquée sur la Charte des Nations unies et sur la Déclaration Universelle des droits de l'Homme.

 

Les principales dispositions de ce document n'ont rien à envier à ces textes fondamentaux et aux valeurs qu'ils prônent.


Qu'on en juge !


Article 1 : La Charte reconnait des droits inaliénables à toute personne "sans distinction aucune, notamment de race, d'ethnie, de couleur de peau, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute opinion d'ordre national ou social, de fortune, de naissance ou de toute autre situation ".


Article 6 : "Tout individu a droit à la liberté et à la sécurité de sa personne. Nul ne peut être privé de sa liberté sauf pour des motifs et dans des conditions préalablement déterminés par la loi ; en particulier nul ne peut être arrêté ou détenu arbitrairement."


Que c'est bien dit !


Encore mieux. Une Cour africaine des Droits de l'Homme et des Peuples a été créée pour traduire ces principes en actes : dire le droit, juger équitablement, garantir les libertés, protéger l'individu et les peuples.

 

Il serait hautement souhaitable que le continent s'éveille et mette enfin en concordance le mot et la pratique, en matière de solidarité et de respect des droits humains. Il résoudrait par là même l'essentiel des difficultés qui l'assignent au dernier rang des régions du monde. 

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11 septembre 2011 7 11 /09 /septembre /2011 14:23

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Apprendre à vivre. Face à la Fortune.

 

bouton_007.gifNe va jamais croire qu'un homme qui s'accroche au bien-être matériel puisse être heureux. Il s'appuie sur des bases fragiles, celui qui tire sa joie de ce qui vient du dehors. La joie est entrée ? Elle sortira. Mais celle qui naît de soi est fidèle et solide. Elle croît sans cesse et nous escorte jusqu'à la fin. Tous les autres objets qu'admire le vulgaire, ce sont des biens d'un jour. « Comment ? On ne peut pas en tirer utilité et plaisir ? » Personne ne dit cela. Mais à condition que ce soient eux qui dépendent de nous et non le contraire.

bouton_007.gifTout ce qui relève de la Fortune est profitable, agréable, à condition que le possesseur se possède aussi et ne soit pas asservi à ses biens. Ils se trompent en effet, Lucilius, ceux qui pensent que c'est la Fortune qui nous attribue le bien ou le mal. Elle accorde juste la matière des biens et des maux, et les éléments de base destinés chez nous à tourner au mal ou au bien. En effet, plus puissante que la Fortune est l'âme. Pour le meilleur ou pour le pire, elle conduit elle-même ses affaires. C'est elle qui est responsable de son bonheur ou de son malheur.

bouton_007.gifMauvaise, elle rend tout mauvais, même ce qui paraissait le meilleur. Droite et intègre, elle corrige les errements de la Fortune et adoucit ses duretés et ses rigueurs par l'art de les supporter. De même, elle accueille la prospérité et l'adversité avec constance et courage. Mais elle aura beau faire preuve de sagesse, n'agir qu'après mûr examen, ne rien tenter au-dessus de ses forces, elle n'atteindra ce bien inaltérable et que rien ne peut menacer qu'en opposant sa propre certitude à l'incertitude générale.

[…]

bouton_007.gifCalamité qu'une âme inquiète du futur, malheureuse avant le malheur et sans cesse angoissée à l'idée de ne pouvoir conserver jusqu'au bout ce qu'elle aime ! Elle ne connaîtra jamais le repos et perdra, dans l'attente de l'avenir, le présent dont elle aurait pu jouir. Et perdre une chose ou en redouter la perte, cela revient au même.

bouton_007.gifJe ne te recommande pas pour autant l'insouciance. Au contraire, esquive les dangers ! Tout ce que ta clairvoyance te permet de prévoir, prévois-le ! Tous les coups qui peuvent te blesser, guette-les à l'avance et détourne-les ! Et pour ce faire, la confiance en toi et une âme prête à tout affronter te seront du plus grand secours. On peut se garder des coups du sort en étant capable de les endurer. De toute façon, ce n'est pas sur une mer d'huile que naît la tempête. Rien de plus affligeant et de plus stupide que d'avoir peur à l'avance. Ridicule folie d'anticiper sur son malheur !

bouton_007.gifEnfin, pour résumer mon sentiment et te les croquer, ces agités, ces bourreaux d'eux-mêmes, je te dirai qu'ils montrent la même outrance dans le malheur qu'avant. Souffrir avant qu'il soit nécessaire c'est souffrir plus qu'il n'est nécessaire. Car c'est la même faiblesse qui nous empêche aussi bien d'évaluer la douleur à sa juste mesure que de savoir l'attendre. C'est la même outrance qui nous fait imaginer un bonheur éternel, qui nous fait imaginer que toutes nos bonnes fortunes doivent non seulement durer mais croître. C'est à cause d'elle qu'oublieux du fil sur lequel oscille le genre humain nous nous promettons à nous seuls la constance du hasard.

bouton_007.gifJe trouve admirable cette phrase de Métrodore qui, dans une lettre à sa sœur qui avait perdu un fils cloué de qualités remarquables, déclare : « Mortels sont tous les biens des mortels. » Il parle des biens après lesquels on court, car le bien véritable ne meurt pas. Il est sûr, éternel : c'est la sagesse et la vertu, la seule immortalité à portée des mortels.

[…]

bouton_007.gifMais quel secours trouver contre ces pertes ? Celui-ci : garder en mémoire le souvenir des choses perdues et ne pas laisser s'échapper avec elles le fruit que nous en avons eu. On nous arrache ce que nous avons, jamais ce que nous avons eu. Il faut être un monstre d'ingratitude pour se considérer, lorsqu'on perdu, quitte de toute dette. Le sort nous enlève la chose, il nous en laisse la jouissance et le fruit, que nos regrets injustes nous font perdre.

bouton_007.gifDis-toi ceci : de tous ces maux qui semblent effrayants, aucun n'est invincible. Chacun d'entre eux a été, bien des fois, vaincu. Le feu, par Mucius. La croix, par Régulus. Le poison, par Socrate. L'exil, par Rutilus. La mort d'un coup d'épée dans la poitrine, par Caton. Nous aussi soyons des vainqueurs !

(Sénèque, Apprendre à vivre. Choix de lettres à Lucilius, Arléa)

 

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A méditer et à commenter !

 

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7 septembre 2011 3 07 /09 /septembre /2011 08:32

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Apprendre à vivre, prudence et discernement

 

bouton_007.gifOù est-elle, ta fameuse prudence? Et ton subtil discernement ? Et ta hauteur d'âme ? Un rien de ce genre t'affecte ? Tes esclaves ont profité que tu étais occupé pour décamper. Mettons que des amis t'aient déçu de la sorte (gardons-leur ce nom qu'ils ne méritent pas afin de ne pas user de termes plus agressifs), est-ce une telle perte pour toi ? Ils ont disparu, eux qui te consumaient ton temps et te rendaient pénible à tout ton entourage.

bouton_007.gifRien d'étrange ou d'inattendu dans tout cela. Se faire du mauvais sang pour ce genre de choses est aussi ridicule que de se plaindre, au bain, d'être éclaboussé, ou bousculé dans la rue, ou crotté de boue. La condition humaine, c'est comme le bain, la foule, la marche. Coups des hommes ou coups du sort : tu en reçois de tous les côtés. La vie n'est pas une partie de plaisir. Tu t'es engagé sur une longue route : comment ne pas glisser, buter sur des obstacles, tomber, s'épuiser et – mensonge –, appeler la mort à grands cris ? Ici, un compagnon qu'on perd. Là, un qu'on enterre. Là, un qu'on redoute. Voilà le genre d'épreuves que tu devras affronter sur ce chemin rocailleux.

bouton_007.gifAlors, souhaiter la mort ? Soyons prêts à tout ! Soyons convaincus que nous sommes à l'endroit où tombe la foudre, là où « Le Deuil et le Remords vengeur ont fait leur lit, et où habitent les Maladies livides et la triste Vieillesse ». C'est en cette compagnie qu'il nous faut passer notre vie. On ne peut lui échapper mais on peut la mépriser. Comment ? En y pensant souvent, en se représentant l'avenir à l'avance.

bouton_007.gifOn est toujours plus fort quand on s'est longtemps préparé. On résiste même aux coups durs quand on les a prévus. Sinon, la moindre bagatelle nous épouvante. Fais en sorte que rien ne frappe à l'improviste et, puisque toute adversité inattendue s'en trouve redoublée, une méditation assidue t'aidera à ne jamais être, et devant aucun malheur, novice.

bouton_007.gif« Mes esclaves m'ont abandonné ! » D'autres ont été pillés, accusés, tués, trahis, foulés aux pieds, frappés par le poison ou par la calomnie ! Tu auras beau faire : impossible de me nommer des malheurs inédits. D'ailleurs, quelle abondance, quelle variété dans les flèches qu'on nous décoche ! Certaines sont déjà fichées en notre chair, d'autres vibrent, sur le point de nous atteindre. D'autres encore, tirées sur autrui, nous frôlent.

bouton_007.gifNe nous étonnons pas des épreuves pour lesquelles nous sommes nés. Que personne ne s'en plaigne : ce sont les mêmes pour tous. J'ai bien dit les mêmes : si l'on y échappe, on pouvait les subir. Une loi n'est pas juste parce que tout le monde en ressent les effets directs mais parce qu'elle s'applique à tous. Imposons à notre âme d'être juste et payons sans broncher notre tribut de mortel.

bouton_007.gifL'hiver apporte le froid : comment ne pas claquer des dents ? L'été ramène la chaleur : comment ne pas suer à grosses gouttes ? Un ciel changeant affecte notre santé : comment ne pas être malade ? Ici ou là une bête féroce nous attaquera – et l'homme est la plus nuisible des bêtes féroces. Une fois c'est l'eau qui nous dépouillera, une fois c'est le feu. C'est la nature des choses, on n'y peut rien.

bouton_007.gifCe qu'on peut faire ? S'armer d'une âme noble et digne d'un homme de bien, afin de supporter avec courage tout ce que le sort nous envoie et d'être en accord avec la nature. Or la nature a pour loi le changement, qui règle ce royaume que tu vois. Après la pluie, le beau temps. La mer d'huile, puis la tempête. Les vents qui soufflent dans un sens, et puis clans l'autre. Le jour qui vient après la nuit. Une partie du ciel se dresse, l'autre s'enfonce. L'éternité repose sur l'équilibre des contraires.

bouton_007.gifTelle est la loi à laquelle notre âme doit se conformer. Suivons-la ! Obéissons-lui ! Considérons que tout ce qui arrive devait arriver et évitons de nous en prendre à la nature. Le mieux à faire, c'est de supporter ce qu'on ne peut corriger…

[Sénèque (4 av. JC – 65 ap. JC)]

(Sénèque, Apprendre à vivre, Lettres à Lucilius, Arléa)

 

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4 septembre 2011 7 04 /09 /septembre /2011 09:12

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Noirs en Libye, cause humanitaire d'urgence

 

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Brimades, humiliations, lynchage sommaire sont aujourd'hui le lot commun des pro-kadhafi arrêtés et des  Noirs en Libye. Ces derniers semblent payer un tribut supplémentaire lié à la couleur de leur peau.

    Les exactions dont les  immigrés africains sont l'objet en Libye ne datent pas d'aujourd'hui. En septembre 2000, plusieurs centaines de ressortissants africains avaient été victimes de véritables pogromes. Mais, depuis le début de l' insurrection en Libye, particulièrement depuis la chute de Tripoli et l'entrée des insurgés dans cette ville, les exactions ont franchi un nouveau palier, atteignant la dimension d'une véritable tragédie pour des milliers de Noirs (étrangers et libyens) pris au piège et exposés à des atrocités dignes d'un autre temps. Aujourd'hui, Noirs en Libye = mercenaires. Et mercenaires = hommes et femmes sans âme, c'est-à-dire sans droits et sans recours, bons à être humiliés et massacrés en toute impunité.

    Qui sont ces "mercenaires"?

 

   Des subsahariens pour l'essentiel : Tchadiens, Nigériens, Maliens, Nigérians, Guinéens... recrutés par Kadhafi pour défendre son régime contre les insurgés, dit-on. Mais ceux qui sont aujourd'hui traqués, arrêtés, exhibés ou abattus comme des rats par les rebelles sont aussi tous noirs, certains établis dans le pays depuis des années, mais aussi des voyageurs en transit, des travailleurs immigrés invités par le régime libyen pour travailler dans différents secteurs de l'économie, des clandestins, des étudiants boursiers ou non, comme des citoyens libyens de "souche" ou naturalisés...

 

    Tous ces Noirs paient pour Kadhafi

 

    Ces pauvres Noirs sont à la fois victimes de Kadhafi et victimes des anti-Kadhafi. Victimes désignées par la couleur de leur peau et "sans patrie", ils paient le prix fort pour une insurrection dont la motivation proclamée est la liberté et la démocratie.

    Fait-on le tri entre mercenaires, combattants de Kadhfi et population civile de travailleurs paisibles et innocents ?

    L'ONG Human Right Solidarity estimait en février 2011, le nombre de mercenaires à 30 000. Mais tout chiffre relatif à l'effectif des mercenaires en Libye actuellement doit être rigoureusement vérifié et analysé.

    En tout état de cause, c'est le sort des Noirs en l'occurrence qui mérite attention. Le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) a exprimé son inquiétude pour le sort réservé à ces "damnés". L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a fait de même. Pour l'instant cependant, rien que des mots, aucun acte, aucun geste, ni de l'OTAN, ni de l'Union européenne, encore moins de l'Union africaine.

   Or, depuis la chute de Tripoli, c'est une véritable chasse aux Noirs qui est signalée non seulement dans la capitale mais dans toutes les régions sous le contrôle de la rébellion.

   "Depuis que les opposants sont entrés dans Tripoli, je suis barricadé chez moi avec deux amis ; l'un est togolais, l'autre ghanéen. Dans le même quartier se trouvent, barricadés comme nous, des Tchadiens, des Maliens, des Libériens, des Nigérians, des Guinéens ; tous travaillent en Libye depuis plusieurs années. Comme nos ambassades ne répondent pas, nous ne savons que faire, ni qui contacter" confie un ressortissant ivoirien.

 Qui pour les entendre et se faire l'écho de leur détresse ? 

 

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Nettoyage... ethnique à Tripoli

 

La chasse aux Noirs présentés systématiquement comme partisans de Kadhafi, et les règlements de comptes de toutes sortes prennent une dimension toujours plus préoccupante.

 

ABUS PHYSIQUES, TORTURES ET LIQUIDATIONS

 

Au-delà de ce langage du sang et de la vengeance, il y a plus préoccupant encore pour les droits de l'homme dans la nouvelle Libye. Les insurgés rebelles réservent d'évidence les pires traitements aux partisans de Kadhafi à la peau noire. Qu'ils viennent du sud de la Libye, réputée acquise au despote, ou d'Afrique où ils ont pu être recrutés comme mercenaires. Des exécutions sommaires ont été d'évidence pratiquées sur certains de ces hommes. « Et pas forcément des combattants », indique un représentant d'une ONG tunisienne de défense des droits de l'homme. La chasse aux Noirs considérés comme des ennemis de la cause libyenne s'étend aux migrants qui vivent dans la terreur et continuent d'essayer de fuir le pays par tous les moyens.

D'après une enquête d'Amnesty, plusieurs détenus de la prison de Zawiyah (à l'ouest de Tripoli) contrôlée par les rebelles ne sont pas d'ex-combattants kadhafistes, mais de simples migrants. Ils ont été « interpellés manu militari dans leur maison, à leur travail ou dans la rue en raison uniquement de la couleur de leur peau », souligne Diana Eltahawy, chercheuse et représentante d'Amnesty International en Libye. Celle-ci relève un nombre record d'abus physiques, de tortures et de liquidations extrajudiciaires avec l'extension d'un phénomène « que nous avons connu plus tôt, précise-t-elle, dans l'est du pays ».

Les actes de vengeance, de règlements de compte sont condamnés par les « officiels » du Conseil national de transition (CNT) quand ils sont interpellés sur le sujet. Mais ces dirigeants civils semblent avoir bien peu d'influence sur leurs guerriers qui nettoient le pays à leur façon.

BRUNO ODENT

(L’Humanité, 31 août 2011)

 

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[Voir également Courrier international, 1er septembre 2011]

 

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Puisque ni l’OTAN, ni l’Europe, ni l’Union africaine ne semblent pour l’instant s’intéresser au sort de ces « hors-monde », il est à souhaiter que les nouveaux maîtres de la Libye libérée finissent par se souvenir du mobile premier de leur insurrection : la liberté, la justice, la dignité humaine et que ces pauvres infortunés qu’ils traquent et tuent, mercenaires ou non, même abandonnés de tous, ont aussi une âme qui a les mêmes aspirations car, la dignité humaine n’a ni couleur ni frontières.

 

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