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30 septembre 2012 7 30 /09 /septembre /2012 09:14

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Papillons-41Le non de civilité

 

fleurs 173Savoir refuser

 

17Tout ne se doit pas accorder, ni à tous. Savoir refuser est d'aussi grande importance que savoir octroyer ; et c'est un point très nécessaire à ceux qui commandent. Il y va de la manière. Un non de quelques-uns est mieux reçu qu'un oui de quelques autres, parce qu'un non assaisonné de civilité contente plus qu'un oui de mauvaise grâce. Il y a des gens qui ont toujours un non à la bouche, le non est toujours leur première réponse, et quoiqu'il leur arrive après de tout accorder, on ne leur en sait point de gré, à cause de non mal assaisonné qui a précédé. Il ne faut pas refuser tout à plat, mais faire goûter son refus à petites gorgées, pour ainsi dire. Il ne faut pas non plus tout refuser de peur de désespérer les gens mais au contraire laisser toujours un reste d'espérance pour adoucir l'amertume du refus. Que la courtoisie remplisse le vide de la faveur, et que les bonnes paroles suppléent au défaut des bons effets. Oui et non sont bien courts à dire ; mais, avant que de les dire, il y faut penser longtemps.

Baltasar Gracian (1601-1658), L’Art de la prudence

 

231.gif

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27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 09:40

MB900439168

L'Afrique et ses démons : déni des droits, autocratie...

 

 

bouton 006Il faut sauver les Gambiens pour sauver l'Afrique

 

Gambie allégé Web moyen

Ouest-France, 30 août 2012

 

bouton 007Le même quotidien titrait en 2009:

"Droits de l'homme, le président gambien dégaine.

Dans la série "Comment vont vos grands démocrates ?" voilà le tour de Yahya Jammet, le président gambien, un micro-pays enclavé dans le Sénégal. Il a tout simplement menacé de mort ceux qui voudraient collaborer avec les défenseurs des droits de l'homme, lors d'une interview à la télévision d'Etat." (Ouest-France, 10-11 octobre 2009)

 

etoiles 031

 

Non ! La race des dirigeants incompétents, bourreaux de leurs peuples, ne s'est pas encore éteinte en Afrique. Faut-il les laisser faire, décimer leurs peuples et ruiner leur pays ?

 

La démocratie, les droits de l'homme, le respect de la personne, celui de la dignité humaine, restent toujours un chantier ouvert en Afrique, qui ne doit pas demeurer l'affaire des seules ONG nationales et internationales, mais bien une cause à défendre au nom de l'humanité tout entière.

 

Quand un tyran s'en prend à son peuple et menace de le détruire, la nationalité importe peu, c'est l'Homme qui est visé. Il faut enfin débarrasser l'Afrique de ces espèces qui renaissent de leurs cendres quand on les croit disparues.

MB900439169

 

 

 

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16 septembre 2012 7 16 /09 /septembre /2012 11:18

028.gifFeu sur le prof !

 

L'enseignant se bat seul, contre tous : les familles, l'administration, la hiérarchie... sans oublier les agressions des élèves dans certains établissements.

 

Si le système scolaire français n'est pas tendre avec les jeunes, il ne l'est pas davantage avec les enseignants, aujourd'hui humiliés, dévalorisés, démoralisés.

 

fleche 264Le regard de la presse

 

etoile 113De l’intérieur

 

Chez les enseignants, les retraites ne sont que la face émergée d'un malaise bien plus profond. Confrontés, en direct, aux tensions et aux multiples violences nouvelles – physiques et morales – d'une société plus anxiogène que jamais, ils sont minés par une sorte d’énorme lassitude professionnelle et morale. Non seulement ils se sentent démonétisés et dévalorisés, mais ils ont le sentiment d'avoir perdu leurs repères, le sens de leur mission, pis d'être abandonnés à eux-mêmes, d'être placés en situation d'échec... Et, qui plus est, d'être considérés comme les seuls responsables de cet échec. Leur désenchantement et leur colère sont à la mesure de cette crise d'identité...

Ouest-France, l'analyse du mouvement de grève des enseignants au printemps 2003 

 

17Les coups subis par les enseignants ne sont pas uniquement portés par les élèves et la hiérarchie scolaire, mais aussi par les parents qui sont généralement solidaires de leurs enfants dans le dénigrement des professeurs, voire les agressions dont ces derniers sont l'objet. Pour la hiérarchie comme pour les parents, l'échec des enfants est généralement imputé aux enseignants. Le professeur devient ainsi le bouc émissaire qui masque les carences structurelles éducatives des uns et les lâchetés des autres.

 

Parmi les fardeaux du prof figure en bonne place la pression institutionnelle et sociale, celle de la hiérarchie et des familles, sourde et aveugle, qui lui demande chaque jour plus et trop, sans aucune considération de ses moyens, de ses difficultés professionnelles ou privées, de sa réalité de vie. Le prof devient cette machine à tout faire, dont on peut disposer à volonté pour résoudre tous les maux de la société.

 

fleche 264Le regard de la presse

 

etoile 113De l’extérieur

 

Si les professeurs français vont si mal, c'est que personne ne les aide à accomplir leur mission. Ni la société, ni leurs ministres successifs, ni leurs syndicats...

 

Une chose est sûre, le corps enseignant [...] est aujourd'hui, en France « un corps psychotique », qui voit des fantômes partout, qui se sent agressé et mal aimé. Pourquoi ? Tout simplement parce que les collèges et les lycées ont la lourde tâche de « sauver les valeurs républicaines ». Or ces valeurs sont attaquées de toutes parts.

 

L'enseignement secondaire a cessé de fonctionner comme une garantie d’ascenseur social, et cela dans un contexte où les partis n'offrent plus d'espoir, où les Eglises n'occupent plus les enfants après l'école, où es syndicats ont cessé d'encadrer et d'intégrer les immigrés, et surtout, où la famille n'est plus un refuge face à toutes les menaces. On demande au professeur d'être le « soldat civil » de la République alors que la situation n'a plus rien à voir avec ce qu’elle était à l’époque ou fut créée l'école publique, gratuite, obligatoire et laïque. Les conditions du sacerdoce éducatif ont changé. Le monde est moins aimable ; les élèves, moins réceptifs et moins soumis... Les ministres et les projets de réforme se succèdent sans rien changer...

El Pais( quotidien espagnol), in Courrier international, juin 2003

 

17A l’époque « où fut créée l'école gratuite, obligatoire et laïque », le professeur, c'était « Monsieur le professeur » ; aujourd’hui, ce n'est plus le professeur, mais le « prof ». Un indice révélateur : rares sont les enseignants de collège et de lycée qui emploient couramment et spontanément le vocable « professeur ». Pour la plupart, l'ordinaire, c'est « prof » y compris en présence de leurs élèves à qui ils demandent de venir les voir « en salle des profs ». L’usage de ce mot « prof » n'est pas anodin. Il y a 40 ans, c'était le « professeur ». Mais les mutations seraient minimes voire insignifiantes si elles ne s'incarnaient que dans une simple évolution sémantique. Plus conséquemment, elles concernent égaiement l'élève et la famille

 

Des élèves arrivent en classe saturés d'images et de sons, tous éléments qui empêchent de penser, de réfléchir et rendent en conséquence le sujet peu réceptif intellectuellement et passif. Or, à quoi professeur sert le professeur sinon à amener l'élève à penser par lui-même, à le rendre capable de raisonnement, de jugement autonome et libéré ? La « télé » aurait-elle tué le professeur ? Les élèves attendent du prof que son cours les mette dans « la situation du spectateur devant sa télé avec beaucoup d'images et de jeux. Certains demandent davantage : que le professeur disparaisse derrière les images et les jeux, qu'il les laisse rêver ou bâiller ».

 

Même en accédant à tous ces vœux, la paix scolaire n'est pas toujours garantie pour autant. Et dans ce combat inégal, le prof n'a pas toujours le dessus.

 Tidiane Diakité, Mutations et crise de l'école publique. Le Professeur est mort, vive le prof, L'Harmattan.

 

fleche 070Que faire ?

 

etoile 116Rallumer la flamme sacrée

 

La passion du métier, le désir ardent de servir l’école sont des réalités constantes chez beaucoup d’enseignants. Leur mérite est d’autant plus grand. Ceux-là permettent de nuancer ce tableau gris-sombre de l’école de la République. Il faut à la fois les encourager et multiplier leur nombre. Beaucoup aiment ce métier. Ils souhaiteraient l’exercer le mieux possible.

 

A cette fin, il est urgent de procéder à une profonde refondation de l’honorable Institution : marier l’école à son temps, afin de lui conserver la plénitude de sa mission fondatrice, mission de formation du citoyen accompli : libre, épanoui et social.

 

C’est à cette œuvre de salut public qu’il faut convier toute la nation par-delà les clivages politiques, sociaux, culturels afin de mener à bien la tâche car l’école n’est la propriété ni des enseignants, ni des parents, ni des politiques. Elle ne doit pas être l’otage du temps politique, trop court et trop inconstant par rapport au temps de la nation.

 

C’est à la reconquête de son école que doit s’employer la nation tout entière en élaborant une véritable charte pour l’école du XXIe siècle.

 

Sauver l’école pour bâtir tous ensemble la Cité harmonieuse de demain, pour tous.

livre 006


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12 septembre 2012 3 12 /09 /septembre /2012 09:28

a685Mépris de la médisance

 

Le vrai secret d'obtenir les choses qu'on désire, est de les dépriser. D'ordinaire on ne les trouve pas quand on les cherche ; au lieu qu'elles se présentent d'elles-mêmes quand on ne s'en soucie pas. Comme les choses de ce monde sont l'ombre de celles du Ciel, elles tiennent cette propriété de l'ombre, qu'elles fuient celui qui les suit, et poursuivent celui qui les fuit. Le mépris est aussi la plus politique vengeance. C'est la maxime universelle des sages de ne se défendre jamais avec la plume, parce qu'elle laisse des traces, qui tournent plus à la gloire des ennemis qu'à leur humiliation : outre que cette sorte de défense fait plus d'honneur à l'envie que de mortification à l'insolence. C'est une finesse des petites gens de tenir tête à de grands hommes, pour se mettre en crédit par une voie indirecte, faute d'y pouvoir être à bon droit. Bien des gens n'eussent jamais été connus, si d'excellents adversaires n'eussent pas fait état d'eux. Il n'y a point de plus haute vengeance que l'oubli ; car c'est ensevelir ces gens-là dans la poussière de leur néant. Les téméraires s'imaginent de s'éterniser en mettant le feu aux merveilles du monde et des siècles. L'art de réprimer la médisance, c'est de ne s'en point soucier. Y répondre, c'est se porter préjudice ; s'en offenser, c'est se discréditer, et donner à l'envie de quoi se complaire ; car il ne faut que cette ombre de défaut, sinon pour obscurcir entièrement une beauté parfaite, du moins pour lui ôter son plus vif éclat.


Baltasar Gracian (1601-1658), jésuite espagnol.

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2 septembre 2012 7 02 /09 /septembre /2012 11:01

001-C

Où en est-on ? Entre imbroglio et flou

 

gif_anime_puces_543.gifAu plan institutionnel

gif anime puces 543Au plan politique

gif anime puces 543Au plan territorial

gif anime puces 543Quelle issue ? La CEDEAO ? L’Union africaine ? La France ? L’ONU ?

 

Une constitution brouillée

 

S’agissant des institutions, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elles sont actuellement sens dessus dessous, sans doute pour longtemps.

 

Quid des élections libres, transparentes et démocratiques ?

Quid de la laïcité… ?

 

Le trouble vient sans aucun doute de l’intrusion d’une frange de l’armée, en l’occurrence la mouvance des putschistes du 22 mars 2012 dans la vie politique et au sein du gouvernement du pays. A l’évidence, une clarification s’impose rapidement pour une lisibilité et une vision claire des institutions.

 

Faut-il abroger la Constitution d’avant le 22 mars ? Dans l’affirmative, qui seront les futurs constituants, les auteurs et acteurs de la nouvelle Constitution ? En la circonstance, le plus tôt serait le mieux, afin de fixer des repères, condition de la stabilité.

 

Qui gouverne aujourd’hui ? 

Les politiques? Les militaires? Les religieux?

 

Jamais la formation d’un gouvernement n’aura été autant attendue par les Maliens et par la communauté internationale.

 

Certes, un nouveau gouvernement dit « d’union nationale » a vu le jour le 20 août dernier. En soi c’est une excellente nouvelle pour le pays, si la mise en place de la nouvelle équipe permet avant tout de restaurer l’autorité du président intérimaire, victime d’une sauvage agression le 16 mai dans son bureau du Palais présidentiel par des partisans de la junte, et qui fut de ce fait contraint à un exil sanitaire de deux mois à Paris. Rentré au pays le 27 juillet, il a tenu des propos à la fois fermes et rassurants, sur sa détermination à restaurer l’intégrité du pays et la cohésion nationale. Avec quels moyens ?

 

Ce qui n’est pas dit, c’est que ce gouvernement a été mis en place suite à un ultimatum de la CEDEAO menaçant le Mali d’exclusion de cette organisation sous -régionale. Cet ultimatum, initialement fixé au 31 juillet 2012, fut prorogé de quelques semaines. Cela expliquerait-il une certaine précipitation dans la composition du gouvernement que certains jugent bien bancal ?Un gouvernement écartelé entre pro et anti- junte, entre sceptiques et attentistes.

 

L’objectif de la CEDEAO étant le rétablissement de la légalité institutionnelle incarnée par un gouvernement dont seraient écartés définitivement les militaires putschistes. Tel était aussi le souhait de la communauté internationale.

 

La mission assignée à ce gouvernement :

 

bouton 007la reconquête d’urgence du Nord afin d’éradiquer la menace islamiste pour le Mali et pour l’ensemble de la région, voire du continent.

 

bouton 007l’organisation rapide d’élections libres et démocratiques conformes à la Constitution du pays.

 

Or, les militaires du capitaine putschiste Sanogo sortent renforcés dans ce gouvernement où ils occupent 5 ministères de premier rang (contre 3 dans le précédent), dont la Défense, la Sécurité intérieure, l'administration du territoire... La CEDEAO n’était pas seule à exiger le départ des militaires. Cette exigence était partagée à la fois par l’Union africaine, l’Europe et les Etats-Unis. L’ambassadeur américain à Bamako publia dès l’annonce du nouveau gouvernement un communiqué félicitant le Mali pour la formation d’un gouvernement d’union nationale mais avec cette réserve qui en dit long :

 

« Nous renouvelons nos appels pour que le CNRDRE [appellation de l’équipe de la junte] se retire de la vie politique et nous demeurons très sceptiques sur l’intérêt de garder quelque rôle que ce soit pour le capitaine Sanogo dans les institutions politiques du pays. »

 

gif anime puces 453Pour l’anecdote : ce capitaine putschiste avait exigé comme compensation à sa non-participation au  premier gouvernement suivant le coup d’Etat, de jouir des avantages d’un ancien chef d’Etat, ce qui lui fut accordé par la CEDEAO, qui revint  sur sa décision quelques mois plus tard.

 

Quant aux Maliens eux-mêmes, si beaucoup se disent soulagés de voir enfin un gouvernement reprendre en main le pays, on compte presque autant de mécontents qui qualifient de mascarade ce gouvernement destiné selon eux à légaliser la mainmise de la junte sur la politique du pays.

 

Quant aux ressortissants du Nord (qui prennent leurs distances avec les séparatistes), regroupés dans un collectif, ils dénient à ce gouvernement la qualification « union nationale », s’estimant peu représentés dans la nouvelle équipe. Il en va de même pour les femmes qui n’obtiennent que 3 ministères sur 31. Certains y voient un mépris pour la femme malienne, mais aussi la main de la mouvance islamiste.

 

Mais surtout

 

bouton 007La création d’un ministère des Affaires religieuses et du Culte irrite un certain nombre de Maliens qui y voient une grave violation du caractère laïc de l’Etat et un intolérable dévoiement des institutions, également la poussée de la mouvance religieuse.Dans ce pays, en effet,les religieux sont en passe de remplir le vide laissé par les politiques.

 

bouton 007Le maintien à la tête de la nouvelle équipe du Premier ministre, Ch. Modibo Diarra, est loin de faire l’unanimité, parce que beaucoup le  jugent incompétent, en partie responsable de l’enlisement actuel du pays, mou, dépassé, sans vision, plus grave, aux ordres du capitaine Sanogo. Une bonne partie de la communauté internationale, y compris la CEDEAO, partage le même jugement.

 

Il existe encore bien d’autres griefs formulés à l’encontre de ce gouvernement.

 

Un territoire en lambeaux

 

gouv Affichage Web moyen

 

Les 2/3 nord du pays sont occupés par des islamistes qui renforcent, de jour en jour, leur pouvoir sur une population démunie, abandonnée à son sort et victime des pires exactions. Des centaines de milliers de ressortissants du Nord ont pris d’assaut les frontières des pays voisins où ils vivent dans des camps de misère.

 

Quelle marge de manœuvre pour un assainissement de la situation et pour remettre le Mali sur pied ?

 

Le gouffre du déclin

 

Quelle sortie ? Par qui ? Comment ?

 

Il faut forcer l’optimisme, du moins pour le court terme, pour la résolution de cette crise malienne.

Les pays médiateurs, le Burkina et la Côte d'Ivoire,tout comme la CEDEAO,sont sévèrement jugés pour leur gestion inefficace et brouillonne de la crise.

 

.

 

gif anime puces 583Une intervention militaire directe de la France semble exclue pour plusieurs raisons :

 

bouton 007Ancien pays colonisateur, responsable selon certains Maliens de la situation actuelle par son intervention en Lybie

 

bouton 007Soupçonnée de complot, sinon de connivence avec les Touaregs de l’AZAWAD pour combattre les islamistes.

 

bouton 007Et bien d’autres griefs liés à de vieux contentieux, notamment en rapport avec l’immigration clandestine.

 

gif anime puces 583L’ONU ?

 

bouton 007Intervention sans doute improbable dans l’immédiat.

 

bouton 007Des réticences au Conseil de sécurité où l’on estime –à tort ou à raison- que la paix mondiale n’est pas menacée au Mali et que la situation humanitaire n’est pas préoccupante à ce point.

 

gif anime puces 583La CEDEAO ?

 

bouton 007Elle prépare, dit-on, le déploiement d’une force militaire de 3 000 à 3 300 soldats pour intervenir au Mali. Mais sur quelles bases et avec quels moyens ? (Les militaires putschistes et leurs partisans sont hostiles à toute intervention sur le sol malien.)

 

bouton 007Ce projet de la CEDEAO ne peut prendre corps qu’à un certain nombre de conditions :

°l’appui sans réserve de la communauté internationale sous mandat de l’ONU.

 

gif anime puces 583l’accord et la participation sans équivoque de l’Algérie. (Sans ce pays rien ne peut se faire dans la région).

 

flèche3Une solution à minima qui consisterait à engager une négociation avec les Touaregs de l’AZAWAD qui aboutirait à l’octroi d’une forme d’autonomie à définir au sein d’un ensemble malien ?

 

lignes-etoiles-7

 

A propos du Mali, à ce jour, il existe plus de questions que de réponses.

 

Espérons que la solution viendra à la fois de la sagesse et de l’intelligence des hommes, dans et hors du Mali. Mais surtout, un effort d’imagination, de la volonté et beaucoup de courage de la part de tous.

Tn 000398

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26 août 2012 7 26 /08 /août /2012 10:14

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Ce que « croissance »recouvre en Afrique

 

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De quelle croissance s’agit-il ?

 

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L’Afrique est aujourd’hui la région du monde la mieux dotée en ressources naturelles. L’inventaire donne le tournis.

 

« Avec plus de 60 types de métaux et minerais recensés dans son sous-sol, l’Afrique possède 30% des réserves minières mondiales : 89% pour le platine, 81% pour le chrome, 61% pour le manganèse, 60% pour le cobalt, 40% pour l’or, 30% pour la bauxite, 24% pour le titane, 9% pour le cuivre ». (World Golden Council).

 

A cela s’ajoutent bien d’autres ressources pour lesquelles l’Afrique occupe un rang plus qu’honorable : « uranium, diamant, pétrole, gaz, bois… » » (voir T. Diakité, ch.1 : Richesse et pauvreté, le paradoxe africain, in 50 ans après, l’Afrique, Arléa).

 

Ces ressources abondantes facilement accessibles grâce au progrès des transports sont exploitées à peu de frais par les grandes puissances. C’est en Afrique qu’elles peuvent signer les contrats les plus favorables, certaines ressources (tout comme des terres) étant bradées par des dirigeants africains. Ces puissances sont donc toujours gagnantes.

 

Une véritable frénésie s’empare ainsi des grandes puissances et des principaux pays émergents (Chine, Inde, Brésil) pour les ressources naturelles du continent africain. Les conditions favorables d’exploitation ainsi que les profits colossaux réalisés( aussitôt rapatriés) sont une motivation supplémentaire dans cette nouvelle ruée vers l’Afrique. C’est l’une des principales explications des chiffres impressionnants et de la variété des activités sur le continent.

 

La compétition que se livrent tous ces protagonistes, chacun voulant s’approprier, sinon la totalité, du moins la plus grosse part du gâteau, génère les flux les plus denses en direction et en provenance de l’Afrique. « Les performances économiques des pays du continent restent intimement liées aux revenus qu’ils tirent de leurs ressources, notamment minières et pétrolières. Dans la plupart des sept Etats subsahariens exportateurs de pétrole, le dynamisme de la demande mondiale de brut alimente une hausse de la production. » (Jeune Afrique, l’état de l’Afrique, Hors-série n°30, 2012). Et ce dynamisme est lui aussi impressionnant.

 

etoile 042Quelques exemples :

 

gif anime puces 601Dans le domaine des mines, « l’Australie s’apprête à investir plus de 40 milliards de dollars en Afrique dans les prochaines années, a déclaré récemment le ministre australien des Affaires étrangères, Bob Carr, en prélude à une conférence avec les ministres africains des mines, prévue fin août dans son pays.

 

Beaucoup d’entreprises australiennes sont impliquées dans le secteur des industries extractives en Afrique. D’après le site international du ministère des Affaires étrangères australien, il y aurait plus de 300 entreprises disséminées à travers 30 pays du continent africain.

 

En Afrique de l’ouest, l’effervescence du secteur a poussé l’Australie à nouer récemment des liens diplomatiques avec les pays francophones, matérialisés par l’ouverture d’une première ambassade à Dakar. »

 

Cette croissance mirobolante, constatée et soulignée en Afrique, est le résultat de cet engouement des étrangers pour les richesses du continent. Plus qu’une ruée, c’est une guerre féroce plus ou moins feutrée, entre grandes puissances et pays émergents, chacun voulant s’assurer l’exclusive ; les ressources, objet de cette mêlée, étant, jusqu’à une date toute récente, exclusivement réservées aux anciennes puissances colonisatrices du continent.

 

gif anime puces 601La Chine, qui tire 30% de sa consommation de pétrole d’Afrique, est particulièrement active dans l’exploitation de ses ressources naturelles. Fortement implantés dans 48 Etats sur 54, depuis 2000, les Chinois y déploient une activité d’une ampleur sans précédent dans l’histoire du continent.

 

gif anime puces 601Le tragique événement survenu en Afrique du Sud : la mort de 34 mineurs grévistes, tués par la police lors d’une manifestation le 16 août 2012, trouve son origine dans cette exploitation à peu de frais et à outrance des ressources naturelles. En Afrique, l’absence de mouvements sociaux et de syndicalisation des travailleurs constitue également un de ces avantages dont jouissent les exploitants étrangers.

 

« Rien n’illustrait mieux les déchirures d’hier [dans ce pays] que le secteur minier : les contremaîtres blancs y étaient arc-boutés sur leurs privilèges et la main-d’œuvre noire courbant l’échine dans les entrailles de la terre demandait sa part du gâteau. La société Lonmin (dont le siège est à Londres), propriétaire du site, menaçait, après la tuerie, de licencier les grévistes). » (Le Monde, 23 août 2012).

 

Le Monde, insistant sur le manque de compassion des responsables de cette société, rappelle les propos de son fondateur, Tiny Rowland, « Je n’ai pas besoin de respectabilité, mais de bénéfices et d’affaires qui tournent. »

 

Tous ces facteurs cumulés engendrent ces chiffres enviables de la croissance (de 5 à 8%) dans nombre d’Etats africains qui impressionnent des observateurs de l’Afrique d’aujourd’hui. Cela ne signifie pas que les Africains ne tirent aucun profit de la situation, mais qu'il   faut éviter la confusion entre croissance et développement s’agissant de l’Afrique. La RDC (République « dite » démocratique du Congo) qualifiée de « scandale géologique », tant son sous-sol regorge des ressources minières les plus précieuses et les plus recherchées, est également l’un des pays les plus pauvres de la planète (indice de développement humain 2011 : 0,286 ; rang mondial : 187e sur 187), malgré la concentration extrême d’activités de sociétés étrangères sur son sol.

 

etoile 042La question :

 

fleche 026Quel pourcentage de cette croissance profite aux Africains ?

 

fleche 026Quelle part les profits générés comptent-ils dans les projets de développement du continent ?

 

Que des Portugais, en mal d’emploi chez eux, aillent à l’aventure en Angola pour s’y faire une situation ou un peu de fortune, ne signifie guère que l’Angola (1er producteur africain de pétrole) soit aujourd’hui plus avancé ou plus développé que le Portugal. Les Portugais, comme d’autres, tout au long des siècles écoulés, ont pris l’habitude de venir manger la laine sur le dos du mouton africain.mouton6

 

 

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Le Développement est un tout, par de -là la croissance et même le développement économique ; il implique l’homme dans sa totalité, qui doit en être le centre et l’aboutissement. Il ne peut y avoir de développement hors de l’humain.

 

Aujourd’hui les conditions pour le Développement, synonyme de bien-être matériel, social, spirituel, moral, bref épanouissement de l’homme ,ne sont pas réunies en Afrique subsaharienne. C’est avec cette réalité qu’il convient de mettre en rapport le discours sur les chiffres de la croissance en Afrique.

u15426979

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19 août 2012 7 19 /08 /août /2012 09:47

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fleche_106.gifLu pour vous

 

Le Point, 09 août 2012

 

« L’Afrique

N’est pas celle que vous croyez

Réveil. La litanie des tragédies ne s’est pas arrêtée, les fanatiques obtus qui saccagent Tombouctou nous le rappellent. Mais elle ne peut plus occulter l’évidence : l’Afrique subsaharienne se réveille. Sa croissance spectaculaire impressionne, son esprit d’entreprise a de quoi dynamiter les préjugés. Voyage dans un continent qui va vous surprendre.

 

Afrique Le Point1 Web»

 


fleche 235Très bien.

C’est très encourageant en effet !

Cette belle croissance suscite l’optimisme, mais inspire en même temps quelque réflexion critique, car elle ne peut, seule, relever le défi africain.


fleche_039.gifQuestions subsidiaires


-   fleche 026  Quelle croissance ?

-    fleche 026 Par qui ?

-    fleche 026 Pour qui ?

-     fleche 026Qui est moteur ?

-    fleche 026 Combien d’enseignants qualifiés ?

-     fleche 026Quelle qualité de l’enseignement et de l’éducation ?

-    fleche 026 Combien d’ingénieurs formés par an ?

-    fleche 026 Combien de publications par an ?

-     fleche 026Combien de brevets déposés par an ?

-     fleche 026Combien de prix Nobel ?

-     fleche 026Quelle politique concrète pour la jeunesse ?

-     fleche 026Quelle politique réelle de promotion de la femme ?

-    fleche 026 Quel remède contre la corruption effrénée et le matérialisme exacerbé en passe d’avilir l’esprit, de vicier les rapports humains en asséchant et vidant les consciences ?

-    fleche 026 Quel Etat ?

-     fleche 026Quel sens de l’Etat ?

-    fleche 026 Quelle cohésion nationale ?

-     fleche 026Quelle solidarité continentale ?

-    fleche 026 Quelle qualité de la gouvernance ?

-     fleche 026Quel progrès de la démocratie, des droits humains et du respect de la personne ?


Pour que croissance rime avec développement.

ligne 1 045

 

u15426979

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12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 16:44

110_F_1680958_XWklQjOBymJxcHZOBUWuQ46F3ZNfK8.jpgDeux empires, deux styles, moyens et méthodes

 

Ce sont deux empires immenses, s’étendant sur plusieurs continents, englobant les peuples les plus divers, tous soumis aux mêmes lois, celles de la métropole.


Tous deux firent un usage constant des vocables : cité, citoyen, citoyenneté, loi et droit, et furent confrontés à des cultures étrangères à la leur. Tous deux nourrirent la même ambition : inviter sous leur toit, à leur table, les indigènes et faire des « barbares » des Romains, des Français.


Tous deux enfin marquèrent profondément l’histoire des peuples dominés, y compris après la fin de l’empire : un véritable big-bang colonial auquel peu de peuples échappèrent, big-bang colonial, en réalité big-bang planétaire.

 

 

soleil 012Par quels moyens et méthodes ?

 

La dépossession fut bien sûr matérielle avant d’être culturelle et psychologique. La spoliation fut la première caractéristique. En Algérie, entre 1880 et 1920, les musulmans algériens perdent plus de 4 millions d’hectares, phénomène de dépossession rendu possible par la législation française plaquée sur une société traditionnelle. Le droit foncier français s’impose ainsi au régime foncier traditionnel. Partout en Algérie comme en Afrique noire, la colonisation met en place une série de textes législatifs qui ont comme principale conséquence d’introduire dans ces colonies la notion de propriété privée dans les domaines foncier et forestier. Jusque-là, en Afrique noire particulièrement, la possession de la terre ne pouvait être que collective, la terre étant prêtée selon les besoins de chaque membre de la communauté. Elle était prêtée de la même manière à l’étranger venu s’installer, et qui en faisait la demande. Cette législation coloniale constituait ainsi un moyen efficace de domination.

 

 

soleil 012Villes romaines et villes coloniales françaises


Elément puissant d’intégration ou de discrimination.


Les Romains cherchèrent à faire entrer les autochtones dans la « ville romaine », facilitant ainsi leur accession à la citoyenneté. Quant aux Français, ils coupèrent d’emblée  la ville coloniale en deux, ville européenne et ville africaine, en concédant aux Africains, au nom des lois d’expropriation, un simple permis d’habiter sur le territoire urbain et non une propriété définitive. Interdiction leur était également faite de construire en dur, l’objectif étant de faciliter le déguerpissement à tout moment selon la volonté de l’administration coloniale.


La ville africaine, démunie du confort minimal, sombre dans l’obscurité, la poussière et la boue. Elle est systématiquement séparée de sa « jumelle » européenne par un espace non constructible. Espèce de barrière permettant de maintenir les Africains à bonne distance.


La ville européenne, en revanche, véritable vitrine de la colonisation, bénéficie d’équipement moderne : adduction et évacuation d’eau, électricité, voierie bien entretenue.  Juchée sur les hauteurs, elle est baptisée « plateau », devenu synonyme de quartier européen, à Dakar comme à Abidjan ou ailleurs.

 

 

soleil 012Cité, citoyenneté


Certes, Rome ne se priva pas non plus de jouer sur les différences sociales dans les provinces conquises pour asseoir son pouvoir. Mais, tout au long des cinq siècles de vie de l’empire romain, toute sa politique fut sous-tendue par quelques principes simples et constants :


bouton 007    Il n’y a pas d’homme qui, par nature, soit fait pour la servitude. Ce qui implique que tout esclave a vocation à devenir affranchi, c’est-à-dire libre.

   Tobouton 007ut homme libre a vocation à devenir citoyen romain à part entière.

bouton 007   Une fois à l’intérieur de la cité (citoyen), tout homme peut, selon ses capacités, gravir les marches du cursus honorum, c’est-à-dire le droit d’accéder à toute magistrature, de la plus basse à celle d’empereur.

 

etoiles005Autre principe : accorder la citoyenneté dans les provinces à tout homme faisant allégeance à la romanité, c’est-à-dire embrassant les valeurs et le mode de vie romain, en commençant par la langue. Le fait urbain est par excellence le facteur premier de cette romanisation. Il convenait donc de faire de la ville un puissant instrument de la romanité.


Ainsi en Narbonnaise (Gaule), la citoyenneté romaine fut très largement distribuée, dès avant César. L’armée avait pour autre fonction essentielle de faire des étrangers des citoyens romains. Elle fut un puissant facteur d’attrait des provinciaux ambitionnant la citoyenneté romaine.


La citoyenneté romaine était par ailleurs accordée à tous, en respectant le droit de la communauté locale. En tenant compte des situations locales, le but de la politique romaine, de la République à l’Empire, fut de parvenir ainsi à une romanisation continue et profonde des populations provinciales.

 

bouton 006Pour Paul Veyne « les Romains ont posé pour principe, dès le début, avec une conviction rare dans l’histoire, qu’ils étaient faits pour commander. Ils ont eu l’instinct de prendre garde de ne jamais ordonner aux peuples qu’ils contrôlaient, des choses qu’ils n’avaient pas envie de faire. Ils n’ont jamais songé à romaniser les peuples conquis. Ils les laissaient venir à eux. Ils sont dépourvus de nationalisme étriqué. Ils se sont emparés de la culture grecque [eux les vainqueurs et les maîtres], avec une exceptionnelle absence de souci pour leur « identité » romaine. Ils se sont volontairement hellénisés. »


Dans le système colonial français, les autochtones ont beau être instruits, cultivés et diplômés, ils ont beau adopter les mœurs européennes et le mode de vie français, rien n’y fait. Les Français ont toujours fixé une limite à l’émancipation des ressortissants de leurs colonies. Les colonisés peuvent être émancipés jusqu’à une certaine limite, fixée d’avance. Barrière tacite, mais intangible qui doit les empêcher d’être les égaux des maîtres.


Ainsi le Sénégalais Birago Diop, vétérinaire formé en France, donc au sommet de la société coloniale par son niveau de culture et de formation, est rejeté, car dans cette situation coloniale, la hiérarchie repose essentiellement sur des critères dits de race. Le critère de fonction et de capacité intellectuelle n’intervient pas.


Ch. Roger Ageron, dont les travaux sur la colonisation françaises font autorité, nous invite à nous interroger sur le sens de la notion d’ « assimilation », avant d’affirmer que cette assimilation fut utilisée pour effacer les traits distinctifs de la société indigène, mais pas pour accorder des droits similaires à ceux des métropolitains.

 


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6 août 2012 1 06 /08 /août /2012 11:04

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La fin des colonies est-elle inéluctable ? 

 

 

bouton 007Deux visions contraires se sont affrontées au lendemain de la Première guerre mondiale, au sujet de l’avenir des colonies dans le monde. La première prévoyait une remise en cause de la colonisation et un ébranlement à court terme de l’édifice colonial bâti à la fin du 19e siècle. Ce point de vue s’appuyait sur les exemples de l’Irak et de l’Egypte qui ont acquis leur indépendance accordée par la Grande-Bretagne, respectivement en 1932 et 1936, puis sur le cas des Philippines auxquelles les Etats-Unis ont accordé l’autonomie en 1934, puis l’indépendance en 1946.

 

Pour les tenants de la seconde vision, au contraire, l’édifice colonial était assuré de la durée, soit en maintenant le statu quo, soit en procédant à quelques réformes qui permettraient une évolution du système ancien vers l’assimilation intégrale, ou vers une fédération regroupant colonies et métropole, ou alors, un assouplissement du système par rapport au mode de fonctionnement d’avant-guerre.

 

12

   Point de vue de Georges Hardy, 1937

 

 

flèche3[Georges Hardy (1884-1972), ancien directeur de l’Ecole coloniale, premier recteur de l’académie d’Alger et inspecteur général de l’enseignement de l’AOF, fut partisan convaincu de l’assimilation dont il fut un théoricien ardent. Il refusa jusqu’au bout de croire à la fin des colonies.]

 

En dehors de ces affranchissements [Irak, Egypte, Philippines] consentis par les métropoles, trouve-t-on, dans l'histoire coloniale de la période contemporaine, des cas d'émancipation d'origine purement indigène ? Aucun.

 

Il est vrai que des agitations séparatistes, foncièrement indigènes, pointent çà et là. Mais c'est un fait que les soulèvements les plus inquiétants ont échoué jusqu'ici ou n'ont abouti qu'à des réformes octroyées par les métropoles. Il est aussi admissible, après tout, d'y reconnaître de banales crises de croissance et d'accommodation mutuelle que les signes certains d'une rupture : il ne manque pas, dans nos pays européens, de provinces qui se sont longuement rebellées contre l'annexion et qui ont fini par se fondre parfaitement dans l'unité nationale.

 

Au surplus, en même temps que la naissance, incontestable, de nationalismes indigènes ou, dans les cas les moins graves, d'opinions publiques indigènes, amène les métropoles à relâcher progressivement leur tutelle, on voit apparaître de nouveaux modes de liaison, qui permettront peut-être aux colonies d'éviter la scission définitive. Les unes s'incorporent de plus en plus à la métropole, comme les « vieilles colonies » de la France, l'Algérie et, d'une façon générale, toutes celles dont les cadres traditionnels ont été brisés ou n'ont plus qu'une existence de convention. Pour d'autres, on envisage parfois de larges fédérations, — dont l'empire britannique, avec sa merveilleuse souplesse, donne l'exemple. Enfin, de la sujétion à l'indépendance absolue, il y a une gamme singulièrement riche de nuances intermédiaires, que la plupart des colonies commencent seulement à parcourir et dont les plus avancées ne sont pas encore sorties.

 

En somme, [...] il ne ressort nullement des faits acquis que la colonisation contemporaine, dans les possessions où domine le peuplement indigène, sente le sol se dérober sous ses pas. Que l'autorité européenne soit par endroits et par moments contestée et combattue, on doit en convenir ; mais tout autorise à penser que, sauf catastrophes, elle est loin d'avoir épuisé toutes ses ressources de durée. A s'en tenir strictement au champ d'action coloniale, il est donc difficile d'admettre sérieusement un « crépuscule de l'Europe » ou un « déclin de la race blanche ».

 

Il est vrai que la colonisation n'a pas atteint tous les buts qu'elle s'était proposés et qu'elle rencontre, sur bien des points, des obstacles inattendus. Constatation qui n'a rien de surprenant pour des entreprises dont la plupart datent à peine d'un demi-siècle, mais qui oppose crûment l'expansion des civilisations formelles ou matérielles et l'expansion des civilisations morales [...]. C'est peut-être [...] pour avoir placé trop de confiance dans la précellence de son idéal culturel, que l'Europe, en ce domaine, n'enregistre que des succès restreints ou contestables. Ce qui ne veut pas dire, d'ailleurs, qu'elle ait complètement échoué et qu'elle ne puisse, en améliorant ses procédés, reprendre par la base cette œuvre importante entre toutes.

 

Il est certain, en tout cas, que la colonisation contemporaine, consciemment ou non, a été l'instrument essentiel, le plus efficace et le plus constant, de cette métamorphose du monde, qui tend à supprimer l'isolement et à porter tous les hommes au même plan d'humanité. [...] Du simple point de vue historique qui est le nôtre, constatons que, par l'effet de la colonisation, nulle région de la planète n'est aujourd'hui soustraite à l'action multiforme des peuples européens et que nous nous trouvons en présence d'une révolution universelle sans précédent. [...].

 

Cette grande œuvre d'interpénétration du monde, cette fécondation de races que l'isolement stérilisait, c'est donc l'Europe qui, en moins de cent ans, a porté tout cela à son compte. Qu'elle ait commis des erreurs, qu'elle ait parfois abusé de son ascendant et même cédé à de fâcheux instincts, on doit l'avouer, et c'était sans doute inévitable ; mais sa mission n'est pas terminée : à la lumière de l'expérience, son action peut et doit s'amender ; la sagesse, tout autant qu'un élémentaire souci de générosité, lui commandent clairement de concevoir la colonisation, non pas comme le déchaînement d'une force aveugle ou l'exercice implacable d'un droit, mais comme un devoir de solidarité, une charge d'aînesse.

 

bouton 007L’empire romain a duré plus de 500 ans. Lui aussi, comme l’empire français ou l’empire britannique, avait essaimé sur plusieurs continents, brassé et uni sous sa bannière des milliers de peuples, les plus variés qui existent au monde. Mais les empires français et britanniques sont loin d’égaler la longévité de l’empire romain. Et pourtant. Les fondateurs et promoteurs de l’empire français de la IIIe République y ont cru !

 

Cependant, quoique brève, la colonisation européenne contemporaine eut un impact considérable sur la vie des peuples dominés. En ce sens, elle figure incontestablement parmi ces faits majeurs de l’histoire qui ont changé la face du monde et lui ont imprimé un cours nouveau.

 

Tout peuple, par essence, est en mouvement. Chaque peuple a son mouvement interne, plus ou moins lent, plus ou moins sensible, qui évolue au contact des autres. L’effet majeur de la colonisation, c’est d’avoir orienté ce mouvement, en l’accélérant pour certains, en le freinant pour d’autres. Pour tous, ainsi, elle a pour l’essentiel, orienté ou infléchi le cours des histoires nationales ou celui des destins individuels.

 

La question, c’est pourquoi la thèse de G. Hardy n’a-t-elle pas été confirmée par l’histoire ? En d’autres termes, pourquoi la colonisation européenne contemporaine a-t-elle été si brève, à peine 100 ans ?

 

Cela étant, il appartient aux peuples naguère dominés et aujourd’hui libres de déterminer le sens et le rythme de leur mouvement, de l’orienter et lui imprimer la marque de leurs aspirations, celui de leur génie propre.

 

(A suivre)

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15 juillet 2012 7 15 /07 /juillet /2012 09:54

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Autopsie des peuples colonisés.

Discours du gouverneur général Brévié

 

bouton 007Importance des administrateurs, commandants des cercles et chefs de subdivision, et des chefs indigènes de provinces et de canton.

 

gif anime puces 251« Le cadre des administrateurs et des affaires civiles, — on ne le répétera jamais assez, — est l'élément fondamental de notre organisation coloniale parce qu'il assure et le passage du courant civilisateur et la prise de contact avec la masse indigène qui demeure le facteur essentiel de la mise en valeur du pays.

 

On peut se rendre compte de la complexité et de la difficulté du rôle qui échoit aux administrateurs quand on se représente la diversité des races disséminées dans notre Afrique occidentale. Pour ses expériences de colonisation, la France possède là un des claviers humains les plus variés qui existent au monde. Tous les états de civilisation dont l'évolution dans le temps demande des millénaires de lente gestation y coexistent dans l'espace, à des stades divers de développement. De l'individualisme farouche du Lobi adonné à la poursuite du gibier dans la forêt, comme l'homme de l'âge de pierre, à la mentalité des sujets évolués de la côte, quelle distance ! Et que d'états sociaux intermédiaires auxquels on pourrait assigner un âge précis dans l'histoire. Les Touaregs, représentants de la civilisation méditerranéenne des premiers âges dont ils conservent encore l'alphabet et les traditions archaïques au cœur du Sahara inviolable. Les Foulbé (peuls), proches parents, peut-être descendants directs, des populations nilotiques dont ils restituent fidèlement le type, qui vivent en marge des autres races, méfiants, distants, impénétrables, dans une affectation d'aristocratie hautaine. Les Maures, ardents, intelligents, avides, capables de s'adapter presque instantanément aux nécessités de la vie moderne pour peu qu'ils y voient un intérêt. Les robustes populations paysannes de la Volta et du  Soudan encore frustes mais si fortement attachées à la terre. Les riverains du golfe de Guinée qui s'accommodent des plus déconcertantes antinomies, associant leurs vieilles croyances fétichistes aux religions européennes et aux plus invraisemblables idéologies en des synthèses inattendues. Enfin les vieilles populations sénégalaises, auxiliaires de notre effort colonisateur depuis le début, qui s'élèvent progressivement vers un équilibre de civilisation supérieure.

 

Au total, ils sont plus de 13 millions, ces administrés de la France en Afrique occidentale française dirigés par un millier de fonctionnaires de commandement (administrateurs et affaires civiles), soit : un Français pour 13000 indigènes. Est-il meilleure démonstration, que l'énoncé de ce simple chiffre, de la profonde sympathie et de la compréhension réciproque des éléments colonisateur et colonisé ?

 

Du point de vue statique, donc, notre œuvre est solide. Mais il faut tirer de cette puissance le maximum d'effort dynamique en vue des réalisations économiques et sociales que nous envisageons comme les buts de notre activité colonisatrice.

 

Ici se pose la question des cadres indigènes. Or, il faut le reconnaître, ceux-ci sont tout à fait insuffisants. La faute en est à nous-mêmes qui, constatant la grande docilité de nos sujets, avons parfois caressé le projet déraisonnable de les soumettre au procédé dit « de l'administration directe ». Mais quelle action éducatrice un Européen pouvait-il avoir sur 13000 indigènes dont il ignorait le plus souvent la langue et avec lesquels il lui était matériellement impossible d'entrer en contact direct ? Ce système permit de percevoir les impôts, de tracer quelques pistes, sans plus; il ne réussit pas à amorcer une évolution de la société indigène. On eut recours alors aux chefs locaux, qui, instruits de nos intentions et de nos buts, avaient pour mission de les faire comprendre par la masse. Mais les plus éminents d'entre eux avaient été brisés par la conquête.

 

N'oublions pas surtout que ces chefs seront d'autant mieux obéis que nous leur accorderons plus de considération et que nous les traiterons avec plus d'égards. Leur prestige est inséparable du nôtre.

 

S'ils sont utiles comme auxiliaires de notre action civilisatrice, les chefs sont indispensables comme cadres de la société indigène. Partout où ils n'existent pas, nos initiatives se perdent dans le vide. Dans les collectivités primitives, — et celles-ci sont encore nombreuses en Afrique, — qui n'ont pas dépassé le stade du patriarcat, l'homme ne trouve jamais le champ nécessaire pour se développer jusqu'à l'individualisme intégral. Il demeure, sa vie durant, la partie d'un tout ; il est essentiellement un être collectif; son centre nerveux est extérieur à lui-même. C'est le patriarche, le chef de village ou le chef de tribu dont les ordres commandent ses réflexes sociaux. Séparé de ce chef, il n'est plus qu'une cellule isolée détachée de son agrégat physiologique et nerveux. Dans les collectivités de cet ordre, la présence du chef est indispensable, de même que, dans les sociétés supérieures où les individus se sont libérés du communisme familial et ont conquis l'intégrité complète de leur personnalité, les institutions représentatives sont l'armature indispensable du groupement social. »

(Extrait du discours du gouverneur général Brévié au Conseil de gouvernement. - Décembre 1930.). Dakar. A.O.F

 

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gif anime puces 025Jules Brévié : Gouverneur général de l’AOF de 1930 à 1936, fut malgré tout un colonial éclairé.

 

Précédemment commandant de cercle au Niger, puis à Bamako, au Soudan français (actuel Mali), il se montra curieux du passé des peuples d’Afrique. Au Soudan (Mali), il découvrit, en 1904, un important site archéologique à Tondidarou, près de Niafunké, au sud de Tombouctou. Convaincu dès lors que ce pays recèle de fabuleux vestiges du passé, il plaida pour « une vision scientifique de la colonisation ». Il ne cessa depuis de rechercher les moyens de développer la scolarisation et l’éducation. « La colonisation doit devenir affaire de méthode, de calcul, de prévision, et, pour tout dire, de science », proclame-t-il.

 

Mais ses efforts furent contrariés par la grande crise économique des années 30, ainsi que par le contexte politique de l’Europe de ces années.

En 1936, il créa l’IFAN (Institut Français d’Afrique Noire), le premier et le plus important centre de documentation et de recherche pluridisciplinaire sur toute l’Afrique noire basé à Dakar, dont il souhaitait faire la "mémoire de l'Afrique noire", et qui est devenu depuis les indépendances « l’Institut Fondamental d’Afrique Noire ».

 

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AOF : Afrique Occidentale Française, ensemble de 8 colonies, 8 fois la superficie de la France

 

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12L’administration coloniale française fut une construction méthodique à plusieurs étages.

 

organigramme1

 

Le système colonial français choisit l’administration directe, qui devait, selon la logique de l’idéologie fondatrice du 19e siècle, aboutir à « l’assimilation » des colonisés, contrairement au système anglais fondé sur l’administration indirecte « indirect rule » et dont l’assimilation n’était pas l’objectif premier.

 

Comme le laisse supposer le gouverneur Brévié, l’administration coloniale française n’aurait jamais pu fonctionner en Afrique de l’Ouest sans l’utilisation de milliers d’auxiliaires, du chef de village au chef de canton, véritable colonne vertébrale du système, et indispensable courroie de transmission entre le colonisateur et la masse des indigènes.

 

Le plus souvent illettrés (ou anciens combattants de la 1ère guerre mondiale à demi lettrés), la position de ces auxiliaires n’était pas toujours des plus confortables. Il s’établit, en effet, entre ces « associés » de fait de l’œuvre coloniale, et le reste de la population, une distance qui brouilla parfois les repères de celle-ci et sa vision traditionnelle du chef. Ces intermédiaires peu coûteux pour le budget des colonies étaient par ailleurs tenus à  distance par le colonisateur, en même temps qu’ils étaient objet de méfiance, de suspicion, parfois d’incompréhension de la part de leurs frères colonisés.

 

Quand, dans les années 1940, les premiers intellectuels et fonctionnaires africains au service de l’administration coloniale apparaîtront et constitueront une nouvelle catégorie (toujours sujets coloniaux au même titre que la masse analphabète), leur position ne fut pas non plus  des plus faciles vis-à-vis du colonisateur comme des administrés. Ils sont tenus à bonne distance par le colonisateur d’un côté, suspectés de complicité par les masses africaines de l’autre.

 

Il apparaîtra ainsi un clivage social à plusieurs niveaux, notamment entre les anciennes et les nouvelles générations de colonisés.

 

Cette stratification des situations et l’accumulation des catégories sociales aboutiront à un bouillonnement politique au lendemain de la 2e guerre mondiale qui s’accentuera jusqu’aux indépendances des années 1960.

 

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