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11 septembre 2016 7 11 /09 /septembre /2016 07:09

L’EMPIRE COLONIAL FRANÇAIS, HIER

L’ASIE OU L’AFRIQUE ? ②

Les préférences des uns et des autres

du 19e au 20e siècle

 

Onésime Reclus (1837-1916)

  Un théoricien engagé

    Un choix franc et assumé

Reclus consacre de longs chapitres à la diversité extrême des peuples noirs d’Afrique en passant en revue tous les types physiques, l’histoire, la culture, les mœurs et coutumes : différences entre Noirs d’Afrique de l’Ouest et Noirs d’Afrique de l’Est, entre ceux de l’Afrique centrale et ceux de l’Ouest, du Nord et du Sud, entre Noirs d’un même territoire… Il fut surtout impressionné par le nombre et la diversité des langues.

 

Fort d’un long périple (1902-1903), qui lui a permis de visiter plusieurs régions du continent, et de côtoyer leurs habitants, il s’élève contre l’amalgame, le manque de discernement et l’ignorance de ceux qui, en France comme en Europe d’une manière générale, considèrent qu’un Noir égale un Noir.

Pour lui, la diversité de langues notamment  peut être un avantage considérable pour la France et son rayonnement dans le monde (voir plus loin).

 

Reclus en vient alors à la comparaison entre les Noirs d’Afrique et les jaunes d’Asie, un de ses thèmes favoris.

« À reprendre la comparaison physique des Noirs, même des Noirs « cirage » avec les Jaunes, même les plus agréables à voir, il y a chez le Nègre, quelque chose de jeune, de puéril, d’enfant, qui nous charme, et chez le Jaune, quelque chose de vieillot, qui nous répugne au premier contact. »

Décidément, pour Reclus, les points de convergence entre Blancs et Jaunes sont des plus rares, contrairement aux Noirs ; puis, chez lui, la différence physique traduit une différence de caractère. Ainsi, écrit-il à ce propos :

« Il demeure évident qu’entre eux et nous, il y a disparité de pensée : ils [les Jaunes] n’envisagent pas le monde comme nous l’envisageons, et de cette compréhension différente des choses, résultent deux civilisations antinomiques, très puissantes toutes les deux : la nôtre plus agressive, la leur plus résistante. »

L’EMPIRE COLONIAL FRANÇAIS, HIER L’ASIE OU L’AFRIQUE ? ②

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  Et pourquoi encore l’Afrique plutôt que l’Asie ?

Cette différence de vision du monde et cet antagonisme culturel et philosophique, selon Onésime Reclus, nuisent à la capacité des Français de maintenir longtemps les Jaunes sous leur domination. Il se montre par conséquent plutôt sceptique sur l’objectif d’« assimilation et de francisation que nous tentons en Indochine qui est la plus malaisée qui se puisse concevoir ; à supposer qu’elle ne soit pas de toute impossibilité et que le vaincu ne l’emporte sur le vainqueur, par la force infinie qui gît obscurément dans l’apathie sournoise»

En fait, O. Reclus doute non seulement de la capacité de la France à assimiler les Indochinois, mais il doute surtout du projet d’extension de la domination française de l’Indochine à la Chine. D’où ce sage avis qu’il ne cesse de marteler :

« Abstenons-nous de préférer ce qu’on peut échanger, l’Asie, à ce qu’il faut garder, l’Afrique. »

L’EMPIRE COLONIAL FRANÇAIS, HIER L’ASIE OU L’AFRIQUE ? ②

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  Pourquoi encore l’Afrique ?

   La langue, la culture, le rayonnement de la France, la francophonie

 

Onésime Reclus pose cette question :

« Faut-il oui ou non répandre notre idiome dans l’empire ? »

Il y répond lui-même en commençant par balayer l’argumentaire de ceux qui sont opposés à l’enseignement du français dans les colonies d’Afrique :

« Combien dénués de sens les arguments de ceux qui prient et supplient de ne pas franciser, par la langue, nos indigènes, de tout idiome : Berbères, Arabes, Ouolofs, Malinkés, Sonraïs, Peuls, Mossis, bambaras, Malgaches etc.

"Malheureux, disent-ils, que prétendez-vous ?"  disent les opposants à l’introduction du français en Afrique.

Chaque peuple —disent-ils encore— a créé son langage et ce langage est devenu le peuple…

[…]

En le lui ravissant, vous le videz de sa mentalité, vous lui volez le passé d’où son avenir aurait spontanément jailli ; vous en faites un perroquet qui jacasse et qui ne comprend pas. Laissez-le donc à ses pensers en le laissant à son verbe, qui évoluera de lui-même pour arriver peut-être aux cimes d’une perfection que votre français, dont vous êtes si fiers, n’atteindra jamais. »

Et Reclus de donner la réplique à cet argument qui ne résiste guère —selon lui— aux épreuves du temps, à ce qu’il nomme « le tourbillon du monde », cette vague, puissante déferlante, qui, de l’Europe, envahit les terres des peuples désarmés, pour se défendre et le contrer.

« Il se pourrait ; mais, le tourbillonnement de la mer du monde arrache désormais toute indépendance au roulis des nations : les vents sont trop durs, les typhons trop aspirants, les saccades trop fortes, les marées trop hautaines pour que chaque flot se déroule en long rythme jusqu’au port, asile de la tranquillité.

Les petits élans s’y coupent et s’y traversent ; les immenses ondulations s’y propagent seules, droit devant elles.

Tous les petits idiomes ont le droit à la survivance, mais aucun n’en a la force ; et la force, ici, c’est bien le droit. Le temps, comme le milieu, les condamnent également : celui-ci les secoue, puis les noie et les efface dans des ressacs énormes, entre des vents haineux, sous un ciel colérique. Il faut des siècles aux langues pour éclore, croître, proliférer, assurer leur maturité ; suivre d’un pas droit toutes les avenues de la pensée ; faute de l’impossible éternité ; le moment leur appartient. »

Et, c’est précisément aux peuples d’Afrique et à leurs langues multiples que s’adresse la suite de l’argumentation de Reclus, le géographe.

« Mais, il n’y a plus de moment pour les idiomes sans lettres [sans écritures], parlés par des hommes sans armes, sans or, sans longs calculs, sans la cimentation qui fait des blocs épais, une muraille romaine. Il ne leur reste que la mort, à eux et aux idées, aux originalités, aux beautés qu’ils préparaient (ou ne préparaient pas) pour l’avenir. […] »

Et, faisant allusion aux nombreuses langues parlées en Afrique, Reclus affirme :

« Quand bien même nous soulèverons ciel et terre pour maintenir ces cinquantaines, ces centaines de langues, elles mourraient de leur impuissance, par incapacité de suffire à ceux qui les parlent dans le tumulte du vingtième siècle.

Avant qu’elles aient pu s’accommoder aux sciences, aux arts, à la philosophie, à la politique, avant d’avoir créé le vocabulaire sine qua non, inspiré les 100 000 volumes sans lesquels un peuple ne peut vivre autrement que pour les basses besognes, elles seront depuis longtemps reprises par l’éternel silence. »

 

Et la déduction dès lors paraît des plus logiques :

« Mourir pour mourir, pourquoi n’auraient-elles pas le français pour héritier, au lieu de l’anglais, de l’allemand, de tout autre idiome de l’Europe occidentale, ou d’ailleurs ? […] Il faut bien se mettre en tête qu’il est des parlers, des consciences, comme des territoires : si l’un ne s’en empare pas, c’est l’autre, ou l’Anglais, ou le Russe, ou l’Italien, ou l’Allemand, ou tel autre joyeux larron. »

Ce qui renvoie d’une part au contexte de la seconde moitié du 19e siècle, la « course aux colonies » et la « ruée sur l’Afrique » (voir le partage de l’Afrique en 1885) ; et d’autre part, à l’avantage —pour Reclus— d’une alliance entre la France et l’Afrique, et à la naissance de ce qu’il désigne alors par l’expression « la France africaine ».

L’EMPIRE COLONIAL FRANÇAIS, HIER L’ASIE OU L’AFRIQUE ? ②

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  Plutôt la « France africaine » que l’hégémonie en Europe

Reclus s’en prend tout d’abord à l’argumentation de ceux qui disent « Restons chez nous, en Europe », qu’il qualifie de « faux sages ».

Pour lui, ceux qui s’opposent à l’expansion de la France outre-mer, sont des myopes, incapables de voir la réalité du monde et des temps à venir :

« Restons chez nous, cultivons notre jardin ; notre verre est petit, buvons dans notre verre. Ceux qui parlent de la sorte ne sont pas des fous qui vendent la sagesse, mais des "sages" qui vendent la folie. »

En effet, pour lui, ne pas étendre sa famille, c’est « mettre un hameau à la place d’une province », et, en définitive, c’est « faire de la vie la mort»

Tout en reconnaissant qu’en France, ceux qui prônent le repli sur soi, le dogme du recroquevillement définitif, et ne jurent que par l’« équilibre européen », ces « doux rêveurs » inconscients et dangereux pour l’avenir de la nation, sont apparemment les plus nombreux. Reclus reste convaincu que l’expansion coloniale se rattache à une philosophie, à une vision de la France et du monde, seule susceptible de mieux garantir la vie présente et future.

Autre conviction chez lui, l’ouverture au monde doit signifier, avant tout, l’ouverture à l’Afrique, laquelle doit demeurer l’horizon prioritaire, de préférence à l’horizon bleu des Vosges.

« S’enfermer dans l’égoïsme transcendantal, ne rien voir au-delà d’une étroite frontière, fermer les yeux devant la mer comme devant l’épouvante, et, par une erreur inconcevable, préférer perdre 100 000 jeunes gens en Europe [perte de l’Alsace-Lorraine], pour trois lieues carrées de terrain que 100 hommes en Afrique [conquête de l’Afrique], pour 100 millions d’hectares : voilà la politique de l’équilibre —L’Alsace-Lorraine à part— qui mérite de loyales hécatombes : mais, si nous avons la puissance mondiale (avec l’Afrique), nous récupérerons plus sûrement la province perdue que si nous restons impotents dans le monde.

Bien plus sanglante que la politique "universelle", c’est-à-dire africaine, en ce qui nous concerne, la politique continentale est aussi bien plus onéreuse. »

D’où le choix de l’Afrique de préférence à l’Asie. Et c’est donc « sans regrets, au contraire avec joie et fierté que la France doit dépenser en Afrique du sang, de l’argent, des énergies, un effort continu pour augmenter son domaine partout où faire se pourra, pour réunir, par des voies de fer, les trois tronçons de l’Empire [l’Afrique du Nord, de l’Ouest, du Centre], et pour maintenir la paix française.

De cette paix germera la concorde ; et celle-ci évoquera la fraternité, amènera la fusion, même l’absorption finale en ce qu’elle a de possible, et probablement de facile, par le pouvoir presque infini d’une même langue mondiale. »

L’assimilation de la langue française par les peuples d’Afrique contiendra en germe le mieux, l’épanouissement culturel, le rayonnement, voire l’hégémonie culturelle future de la France.

À cette fin « le français —affirme Reclus— doit sonner sur le Niger, le Chari, le Congo, comme sur la Seine, la Saône et la Loire… »

(Source : Onésime Reclus, Lâchons l’Asie, prenons l’Afrique. Ou renaître ? Et comment durer ? Librairie Universelle, Paris, 1904)

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4 septembre 2016 7 04 /09 /septembre /2016 10:27

L’EMPIRE COLONIAL FRANÇAIS, HIER. 

L’ASIE OU L’AFRIQUE ? ①

Les préférences des uns et des autres

du 19e au 20e siècle

L’EMPIRE COLONIAL FRANÇAIS, HIER.   L’ASIE OU L’AFRIQUE ? ①

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La France d’outre-mer

Affiche de 1944

Quand l’empire abritait la France Libre

 

 

« Ces quelques arpents de neige… »

Cette expression devenue célèbre, exprime une dépréciation marchande de la possession française du Canada (la Nouvelle France) par Voltaire au 18e siècle.

Plus tard, en 1803, Bonaparte vendit la Louisiane aux États-Unis.

Si ces deux cas sont souvent cités, de toutes les régions de ce que fut l’empire colonial français hier, l’Asie et l’Afrique furent celles qui donnèrent lieu à l’expression de préférences les plus régulièrement exprimées et les plus contrastées. Cependant du 19e siècle aux années 1960, c’est l’Afrique qui semble avoir réuni sur son nom le plus de suffrages favorables à son maintien dans l’empire, au détriment de l’Asie, grâce notamment à l’activité et à la puissance d’expression de deux personnalités, véritables thuriféraires de ce continent : Émile Bélime et Onésime Reclus, mais aussi du parti colonial français.

L’EMPIRE COLONIAL FRANÇAIS, HIER.   L’ASIE OU L’AFRIQUE ? ①

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  L’Asie ou l’Afrique ?

Dans un livre plaidoyer : « Gardons l’Afrique », Émile Bélime montre pourquoi l’Afrique, contrairement à toutes les autres possessions d’outre-mer, est essentielle à la France, non seulement sur le plan économique, mais aussi, sur les plans culturel et humain. D’où son intérêt marqué pour les nouvelles institutions qui ont vu le jour après la Deuxième Guerre mondiale, notamment « L’Union française », qui était sensée constituer une fédération de la France avec ses anciennes colonies, en 1946.

« Même si cette institution est mal née », écrivait-il, elle n’est nullement condamnée à une disparition inéluctable, grâce au poids de l’Afrique dans cet ensemble.

Sans nier par ailleurs la réalité des nombreuses menaces qui planent au-dessus de ce qu’il appelait la « famille France-Afrique », fort de sa connaissance du continent africain, tout particulièrement l’Afrique de l’Ouest, où il a vécu de longues années comme responsable d’organismes techniques de développement, et aussi de sa connaissance des habitants qu’il a longtemps côtoyés, il exprime son optimisme pour le présent et le futur, espoir d’un lien solide et durable entre la France et l’Afrique.

Pour lui, parmi les obstacles sur la route de cette famille France-Afrique, figurent en bonne place, l’ONU et sa charte du Comité de décolonisation, selon lui inspirée par la jalousie des deux superpuissances de l’après Deuxième Guerre mondiale : l’Union soviétique et les États-Unis, dont il rappelle dans son livre, leur passé colonial, au même titre que la France et la Grande-Bretagne dans les années 1950.

Onésime Reclus (1837-1916). Géographe français, frère d’Élisée Reclus
Onésime Reclus (1837-1916). Géographe français, frère d’Élisée Reclus

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  Un plaidoyer puissant et argumenté

De tous, Onésime Reclus fut celui qui fit preuve de la plus grande constance et qui a produit les publications les plus nombreuses dans sa détermination à lier la France et l’Afrique

Ce géographe est le premier à employer le terme « francophone » dans un ouvrage magistral, « France, Algérie et colonies », paru en 1886.

Il parle de la « famille francophone », qu’il définit comme des peuples unis par et autour de la langue, et qui doit pouvoir se défendre contre les convoitises et les attaques venues de l’extérieur. (Vu le contexte, après 1870, l’Allemagne semble tout particulièrement visée).

Le titre de son livre « Lâchons l’Asie, prenons l’Afrique » constitue une véritable profession de foi au service de la relation France-Afrique ; ouvrage d’une grande richesse par les arguments et par la puissance de l’expression de volonté et de foi.

Rien n’échappe à la démonstration rigoureuse du géographe, ni la géographie physique, ni la langue et la culture, ni la politique ou la géopolitique, ni les hommes et femmes de ces deux continents, Afrique et Asie.

L’EMPIRE COLONIAL FRANÇAIS, HIER.   L’ASIE OU L’AFRIQUE ? ①

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  Une Asie peu sûre demain

« Puisque la France ne peut pas tout garder, le temps est venu d’éliminer toutes les conquêtes faites et tous les territoires dont la possession nous réserve plus de mal que de bien », car selon la sagesse des temps,

« Qui terre a, guerre a. »

Reclus procède alors à une élimination méthodique de tout ce qui est de nature à porter ombrage à la France, demain, à commencer par l’Asie :

« À regarder l’avenir en face, l’Asie malgré toutes ses richesses, toutes ses splendeurs, -toutes ses promesses, est la plaie ouverte au flanc de l’empire français. »

S’agissant de l’Indochine, il écrit :

« Que de grâces à rendre au souverain concours des forces, si cette presqu’île pénétrait, non la mer des Indes, mais la mer Atlantique, au bout de notre Sénégal ou de notre Guinée, de notre Côte d’Ivoire ou de notre Gabon…

Mais, par bien grand malheur, la nature l’a collée au monde qui nous est le plus antipathique : au monde chinois, hors de notre rayonnement, trop loin des bras maternels, au pôle attractif des ambitions contraires, là ou d’autres, Russes, Anglais, Yankees, Japonais sont plus puissants que nous.

Ce monde à nous étranger, l’éloignement, ces ennemis, la contigüité avec les Chinois incoercibles, voilà, si l’on osait parler mythologiquement, voilà bien la robe de Nessus. »

Puis il ajoute :

« À quoi bon se bercer d’une fausse espérance, heurter du front l’impossible, se casser la tête contre la muraille ? »

Avant de conclure sa prophétie :

« Le ciel de l’Extrême-Orient n’est pas pour nous un ciel serein. »

L’EMPIRE COLONIAL FRANÇAIS, HIER.   L’ASIE OU L’AFRIQUE ? ①

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  Une question de crâne ?

Onésime Reclus s’attarde ensuite sur le portrait physique, compare d’abord des Asiatiques et des Français, puis des Jaunes et des Noirs.

 

« Quelle prise peut avoir la France, à pareil éloignement, sur un ensemble de peuples dont on peut dire qu’ils n’ont pas le crâne fait comme nous ?

Rien qu’à la vue des Jaunes — or, les Annamites sont des Jaunes — une sorte d’instinct nous avertit, semble-t-il, qu’ils ne font pas partie de la même humanité que nous ; tout au moins, que leur humanité n’est absolument pas la nôtre. »

Onésime Reclus poursuit son argumentation :

« Lors des diverses expositions coloniales, ou non coloniales, les beaux messieurs, les belles dames, le simple populaire, s’approche avec sympathie du Nègre, du Négroïde, avec une certaine antipathie du Jaune et du Jaunâtre.

Le Nègre est grand, athlétique, d’un charmant et très beau sourire, souvent, sur d’admirables dents blanches.

L’homme dit mongoloïde est en moyenne petit, atténué, laidement féminin ; son sourire n’a rien de gracieusement spontané, autour d’une bouche ouverte sur des dents ensanglantées par le bétel qui mène à la gingivite expulsive.

Le Noir ne se présente pas toujours à nous sous le masque noir : une foule de peuples et sous-peuples que nous rangeons sous le nom de Nègres, ne sont pas des nègres : tels les Abyssiniens [Éthiopiens], les Nubiens, les Gallas, les Peuls ; ces millions de Soudanais, de Nilotiques, brillent en éclat sombre, mais brillent tout de même d’une beauté parfaitement égale, sinon supérieure à l’européenne. […]

Comme peau d’ailleurs, ils ne sont pas noirs, mais bronzés, simplement assombris…

Quant aux mélanges entre blancs et Négresses, ils ont mis au monde de superbes créatures, principalement des femmes magnifiques… tandis que la rencontre des Blancs et des Jaunes n’a rien encore créé que de vilainement médiocres. »

 

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14 août 2016 7 14 /08 /août /2016 07:20

LA CONDITION OUVRIÈRE. LES LOIS SOCIALES : DU 19e AU DÉBUT DU 20e SIÈCLE

C’était hier

Dans l’imaginaire de l’ouvrier

Les petites gueules noires
Les petites gueules noires

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Les enfants dans les mines et les usines

  Une main-d’œuvre docile et bon marché

 

Le travail des enfants (1832)

« J'avais sept ans quand je commençai à travaillera la manufacture : le travail était la filature de la laine ; les heures de travail étaient de 5 heures du matin à 8 heures du soir, avec un intervalle de trente minutes à midi pour se reposer et manger; il n'y avait pas le temps pour se reposer et manger dans l'après-midi. Nous devions prendre nos repas comme nous pouvions, debout ou autrement. J'avais quatorze heures de travail effectif, à sept ans... Dans cette manufacture, il y avait environ cinquante enfants à peu près de mon âge. Ces enfants étaient souvent indisposés et en pauvre santé. Il y en avait toujours une demi-douzaine qui étaient malades, régulièrement, à cause du travail excessif. C'est à coup de lanières de cuir que les enfants étaient tenus au travail. C'était la principale occupation d'un contremaître de fouetter les enfants pour les forcer à faire ce travail excessif. »

Des conditions dures pour adultes et enfants

 

Le règlement d'une filature (extraits)

Règlement d'une filature de l'Essonne (1828)

 

Article 7 : la journée de travail se compose de 13 heures ; dans aucun cas les ouvriers ne pourront refuser un excédent de travail, sous peine de 2 francs d'amende.

Article 8 : tout ouvrier en retard de 10 minutes sera mis à l'amende. S'il manque complètement, il paiera une amende de la valeur du temps de l'absence.

Article 9 : une fois entré, un ouvrier ne peut sortir sans une permission écrite, sous peine d'amende de valeur de la journée.

Article 11 : l'ouvrier qui se présentera ivre paiera trois jours d'amende. Il est expressément défendu d'aller dans le cabaret qui est en face de la grille.

Article 16 : toute ouvrière qui laverait ses mains avec le savon de fabrique paiera trois francs d'amende ; si elle était surprise en l'emportant elle sera renvoyée sa paie confisquée.

Article 17 : il est défendu aux ouvriers de jouer, jurer, crier, chanter, se quereller ou se battre dans les ateliers, manger ou dormir pendant les heures de travail, sous peine d'amende.

Article 22 : il est absolument défendu d'aller plus de trois fois aux toilettes, et de s'y trouver à plusieurs en même temps, sous peine d'amende.

Article 24 : quiconque s'habillera avant l'heure, paiera 25 centimes d'amende.

Fragilité physique et mortalité inégale

 

Mortalité ouvrière à Lyon

« Il résulte que les maladies ordinaires de la classe ouvrière sont la phtisie (tuberculose pulmonaire) et la gastralgie (maux d'estomac). Si nous considérons l'hôpital de la Croix-Rousse, nous trouvons que, depuis 5 ans 408 décès de phtisie ont frappé la classe ouvrière : ils concernent 139 tisseurs, 164 tisseuses, et 105 dévideuses. » [Dévideuse=ouvrière qui met les fils en pelote]

Rapport de Paris et à la chambre de commerce de Lyon, 1867.

Les bourgeois de la Belle Époque

  Entre soi

La soirée chez les grands bourgeois (1880)
La soirée chez les grands bourgeois (1880)

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Des conditions de vie inégales

   Dans l’imaginaire de l’ouvrier

Le Patron et l’ouvrier
Le Patron et l’ouvrier

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La grève des mineurs du Nord en 1906
La grève des mineurs du Nord en 1906

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Dans l’imaginaire de l’ouvrier

  Enfin les lois sociales

  Pour la reconnaissance des droits et le progrès social

L’Ouvrier et le patron
L’Ouvrier et le patron

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Le progrès social en France au XIXe siècle

1791 : loi Le Chapelier : les syndicats et les grèves sont passibles des tribunaux.

1803 : les ouvriers doivent posséder un livret rempli par les patrons (dates d'embauchés, salaires, comportement), faute de quoi ils peuvent être arrêtés pour vagabondage.

1841 : interdiction du travail des « ouvriers » de moins de 8 ans.

1864 : loi autorisant la grève. Suppression du livret ouvrier.

1874 : création de l'inspection du travail ; interdiction du travail des enfants de moins de 13 ans. 1884 : loi Waldeck Rousseau, accordant la liberté syndicale, sauf aux fonctionnaires.

1892 : travail des adolescents (13-18 ans) ramené à 10 heures par jour. Travail des femmes limité à 11 heures, interdit de nuit.

1898 : loi établissant le principe de la responsabilité du patron en cas d'accident du travail, ce qui entraîne l'obligation pour le patron de verser des indemnités aux accidentés.

1900 : loi Millerand : journée de travail limitée à 10 heures.

1907 : repos hebdomadaire obligatoire.

1910 : loi sur les retraites ouvrières, financées par des cotisations ouvrières, patronales et une contribution de l'État.

1913 : loi sur le repos des femmes en couches.

 

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31 juillet 2016 7 31 /07 /juillet /2016 07:51

VALEURS ET PRINCIPES DE LA REPUBLIQUE

La solidarité, ferment du vivre ensemble

De la bienfaisance à la sécurité sociale, une longue histoire

(Historique de la solidarité)

LES VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LE VIVRE ENSEMBLE (2)

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La solidarité est une caractéristique essentielle de la société française. Incarnée dans des institutions diverses, elle est aujourd’hui une composante essentielle du rôle de l’État républicain.

 

Ce système global, aujourd’hui connu sous l’appellation de « protection sociale » a une longue histoire qui commence bien avant la « sécurité sociale » de 1945, avant la République, et même avant la Révolution de 1789.

C’est peu à peu, au cours des siècles que la notion de protection sociale s’est étoffée et profondément ancrée dans les politiques publiques et sociales.

Depuis le règne de Louis XIV, aucun régime, aucun gouvernement, n’a rayé de ses charges l’obligation d’une politique de protection des plus faibles, et, c’est souvent pendant les périodes les plus troublées, comme sous la Révolution, et entre 1789 et 1793, ou sous Napoléon 1er, que le système s’est renforcé.

Le système actuel de protection sociale prend ses racines au Haut- moyen âge dans l’Occident chrétien.

 

Une salle des malades à l'Hôtel-Dieu de Paris, 1483
Une salle des malades à l'Hôtel-Dieu de Paris, 1483

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L’Église, source de la charité et de la bienfaisance

À l’origine, la protection des plus démunis est du ressort de l’Église, comme l’école et l’enseignement.

C’est le clergé qui se charge des pauvres et des malades comme des enfants abandonnés. C’est le temps de l’hospice et de l’Hôtel-Dieu.

L’hospice est le lieu où l’on reçoit l’hospitalité (autrefois confondu avec l’hôpital). C’est une maison religieuse qui a pour vocation de donner l’hospitalité aux pèlerins et aux voyageurs, puis, l’établissement où sont reçus des indigents, des malades, des vieillards pauvres, des infirmes…

C’est sous l’influence du christianisme que furent fondés les premiers hôpitaux dès la fin du 4e siècle après J.C., à la suite de l’obligation imposée aux évêques par les conciles, de recueillir les malades et les indigents de leurs diocèses. Et le mouvement ne s’éteindra plus.

Le nom de Saint-Vincent de Paul est hautement emblématique à cet égard.

Un hôpital, l'Hôtel-Dieu de Paris, 16e siècle (Bibliothèque des Arts décoratifs, Paris)
Un hôpital, l'Hôtel-Dieu de Paris, 16e siècle (Bibliothèque des Arts décoratifs, Paris)

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De la charité à l’assistance publique

L’implication du pouvoir public dans le système de protection sociale fut relativement tardive. La première manifestation d’envergure eut lieu sous François 1er qui institua, en 1544, le Grand bureau des pauvres « pour secourir l’indigent à domicile, dans les villes et dans les campagnes ».

Sous Louis XIV, l’implication du pouvoir civil est encore plus marquée. Un Hôpital général fut créé qui réunit tous les établissements hospitaliers de Paris où officient ensemble médecins religieux et médecins laïcs. Il en reste aujourd’hui les hôpitaux de la Salpêtrière, de la Pitié et Bicêtre.

LES VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LE VIVRE ENSEMBLE (2)

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La République et l’impulsion finale

La Révolution, à partir de 1789, puis les Républiques (IIe, IIIe, IVe, Ve), firent définitivement passer de la charité à l’assistance obligatoire pour tous.

La Constitution de la IIe République (12 novembre 1848), proclame:

« L’État doit, par une assistance fraternelle, assurer l’existence des citoyens nécessiteux et ceux dans le besoin. »

La solidarité, ciment social, rejoint ainsi la fraternité, un des éléments essentiels de la devise de la République.

 

Le système de protection sociale ne cessa alors de s’étendre, de se diversifier jusqu’à la Libération et à la création de la Sécurité Sociale en 1945, par le Conseil Nationale de la Résistance (CNR).

 

Assistance et droit d’asile

    Héritage de l’Occident chrétien

Le droit d’asile
Le droit d’asile

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[Saisi à la chevelure par un de ses poursuivants, un homme vient s'agripper à la colonne d'une église ;

aussitôt, brandissant une épée, un ange se porte à son secours.

 (Chapiteau de Saint-Nectaire, 12e siècle, Puy-de-Dôme)]

 

 

 

 

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17 juillet 2016 7 17 /07 /juillet /2016 07:47

LES VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LE VIVRE ENSEMBLE

Droits et devoirs

Devoir de connaître et volonté d’agir

 

Sans descendre dans les profondeurs de l’Histoire de France, en se référant simplement à ce qu’on désigne par « valeurs de la République », exprimées pour l’essentiel dans la devise « Liberté-Égalité-Fraternité », le citoyen trouve là, à portée, un ensemble de moyens qui lui permettent d’exercer sa citoyenneté dans la Cité.

Cette devise ne constitue-t-elle pas un excellent guide du savoir vivre ensemble ?

 

Guide et viatique du citoyen

En effet, chacun des éléments de cette devise, si on l’analyse bien, constitue un facteur incomparable de paix sociale.

 

Liberté 

Chacun est libre de sa personne au sein de cette société, c’est-à-dire, pas d’oppression des uns par les autres, du plus fort sur le plus faible, du plus riche sur le plus pauvre…

L’État (la loi) garantit la liberté d’expression, la liberté d’opinion, d’association, la liberté de réunion, la liberté syndicale et de religion, « pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public ».

La liberté de chacun s’arrête là où commence celle des autres.

Pour Jean-Jacques rousseau, philosophe du 18e siècle, « Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’humain ».

Peut-on imaginer une vie sans liberté ?

Égalité

Tous égaux en droit à la naissance.

Égalité de tous devant l’école et l’instruction, donc devant l’éducation.

Tous égaux devant la loi qui s’applique à tous, sans distinction d’origine, de condition sociale, de religion. Personne n’est au-dessus de la loi, proclame la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789.

Par conséquent, égalité devant la justice, devant l’impôt aussi. Bref, égalité des droits pour tous.

« Les hommes n’étant pas toujours raisonnables, il faut des lois fondées sur la raison, l’égalité et la justice pour borner les libertés des uns et protéger la liberté des autres. Entre le fort et le faible, c’est la liberté qui opprime, et la loi qui libère. » (Félicité Robert de Lamennais. Écrivain et penseur français. Saint-Malo, 1782-Paris 1854).

Fraternité

À la différence des deux premières valeurs : liberté, égalité, la fraternité est une notion moins facile à cerner. Si l’on peut se plaindre d’être privé de liberté, ou d’être victime d’injustice, de discrimination…, on ne peut se plaindre d’avoir été victime de manque de fraternité. Cette notion relève de l’intime et de la morale.

Pour la rendre cependant plus sensible et effective comme valeur, elle doit impliquer la solidarité qui est également un principe fondamental et caractéristique de la société française, (la France est un État républicain, démocratique, social et laïque.)

Solidarité privée ou émanant d’associations extrêmement diverses, qui irriguent toute la société de leur action bienfaitrice et humanitaire.

Solidarité institutionnalisée : celle de l’État, de la sécurité sociale (1945), aux allocations multiples, et à la protection sociale en général.

 

Le lien social. Le lien humain

La solidarité est à la fois manifestation du lien social, et au-delà, du lien humain. C’est la relation d’entraide et d’assistance entre des personnes, c’est-à-dire, le contraire de l’indifférence.

Être solidaire, c’est se sentir lié aux autres. Cet acte volontaire simplifie l’existence et améliore la vie en commun : véritable moteur du vivre ensemble.

La Laïcité enfin

Un des principes essentiels de la République, facteur de respect mutuel, de paix sociale.

La loi de 1905 a affirmé la séparation des Églises et de l’État : c’est le principe de laïcité, qui garantit par delà les différences, la liberté de conscience et le libre exercice des cultes.

L’immense majorité de la population française est profondément imprégnée de ces valeurs et principes de la République, de génération en génération, depuis des siècles. Elles sont liées à l’existence même de la République et de l’idée qu’on s’en fait en France. Les ignorer, c’est se mettre à l’écart, en marge, car, elles constituent sa caractéristique essentielle, une composante majeure de son identité.

 

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3 juillet 2016 7 03 /07 /juillet /2016 07:10

LA RÉPUBLIQUE, LA VIE DANS LA CITÉ. CITOYENNETÉ, CIVISME.

LA RÉPUBLIQUE, LA VIE DANS LA CITÉ. CITOYENNETÉ, CIVISME.

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République, loi et vivre ensemble

Jean-jacques Rousseau (1712-1778)
Jean-jacques Rousseau (1712-1778)

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« C’est par la loi qu’on s’émancipe de la force » (J.J. Rousseau)

 

En France, le problème réel, en passe de devenir mal absolu, c'est le non-respect de la règle commune. La lutte contre la délinquance quelle qu'elle soit, celle des mineurs comme celle des adultes, doit être une des priorités de l'Etat. La délinquance des mineurs ne doit pas faire oublier ni occulter celle des adultes. Il y va de l'équilibre de la nation. Le progrès moral n'est jamais acquis définitivement ou passivement. Il importe de le reconstruire sans cesse, condition de la survie d'une nation civilisée. Cette reconstruction constante doit s'inscrire dans des projets éthiques affirmés, conduits par des hommes d'Etat intègres et courageux, car la démocratie ne consiste pas à flatter les bas instincts des uns ou des autres en fuyant les vrais problèmes de la société. Etre citoyen, c'est être civique et sans civisme, point de démocratie. A cet égard, l'Etat a trois sortes de missions qui lui sont spécifiques : d'abord concevoir et promulguer la bonne loi, ensuite, informer sur le bien-fondé de la loi ( pédagogie de la loi ), éduquer à la loi ; enfin, veiller à la bonne application de la loi, sévir au besoin sans faiblesse mais avec intelligence et humanité.

Code civil
Code civil

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Civisme, condition de la réalité de la République démocratique

Avant tout, le premier des enseignements en ce sens, c'est celui des valeurs de la République. Les valeurs, c'est ce qui donne sens à la vie dans la société car seul on ne peut trouver un sens à sa vie. Elles sont donc inséparables de la communauté humaine dans laquelle on baigne ; les valeurs sont ce dont personne ni aucune société ne peut se passer sous peine de désagrégation individuelle ou collective. Ainsi conçues, les valeurs sont un code de conduite qui donne des repères, structure, et constitue notre personnalité : antidote contre notre nature, elles nous humanisent et nous sauvent de l'absurdité. Freins à nos pulsions, elles rendent les relations possibles. C’est un processus de sublimation qui permet à l'individu de s'élever au-dessus de lui-même et tendre vers l'autre par la maîtrise de son ego et celle de ses pulsions multiples.

 

C'est ainsi qu'il faut entendre, pratiquer et enseigner les valeurs de la République, ciment de la nation. Elles constituent à la fois le phare et le viatique de chaque citoyen pour se mouvoir et évoluer au sein de la communauté nationale vers son épanouissement personnel et celui de la collectivité. La liberté, l'égalité, la solidarité, le respect de l'autre, la laïcité, sont les valeurs fondatrices de notre République dont la négation constitue une rupture avec son héritage culturel et spirituel. Les jeunes doivent en être imprégnés progressivement sans systématisation, mais par l'exemple et par la pratique, avec générosité.

 

 

La démocratie se nourrit de l’exemplarité

A ces quelques jeunes qui se signalent par des actes d'incivilité incompatibles avec les normes de la vie en société, il faut aussi pouvoir enseigner que la réussite nécessite l'effort, en premier lieu l'effort de soi sur soi, lequel permet de progresser, d'aller vers l'autre, et qu'aucune réussite ne tombe du ciel. La plus merveilleuse des aventures, ce n'est pas casser ou blesser, c'est participer positivement à l’œuvre de construction de soi par soi. Seulement, afin que ces jeunes s'en imprègnent, il faut aussi savoir le leur dire et le leur enseigner dans une langue et un langage qu'ils comprennent. Que cette tâche soit difficile la rend encore plus nécessaire et exaltante ! Un handicap de départ pour un être humain n'a jamais signifié une sentence irréversible de damnation. Il peut être au contraire un levain, facteur de sublimation pour viser les sommets (les sommets de soi), c'est-à-dire, l'exploration maximale de ses facultés et potentialités enfouies, ignorées ou méconnues.

Bien entendu, l'État et la collectivité doivent apporter leur concours, tendre la main pour aider à cette œuvre individuelle d'édification de l'être et du citoyen, concours à la fois vigilant et généreux. Tous les citoyens sont fils et filles de la République. L'État pourrait, en vue d'encourager et d'éduquer la jeunesse à la civilité républicaine, prendre quelques initiatives telle la création d'une médaille de la citoyenneté, ou médaille nationale du civisme pour différents âges, de 5 à 15 ans, de 16 à 20 ans, de 21 à 25 ans, qui récompenserait des actes de civilité ou de courage dans lesquels des jeunes se seraient illustrés comme nettoyer une plage souillée par la marée noire, porter secours à une personne âgée en difficulté... (école d’éveil à soi et aux autres pour l’épanouissement de tous), qui ne s’apparente en rien à un quelconque endoctrinement.

LA RÉPUBLIQUE, LA VIE DANS LA CITÉ. CITOYENNETÉ, CIVISME.

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L’État, garant de la vie démocratique

   Civisme et civilité : une mission d’éducation et d’éveil à soi et aux autres

L'Etat veillera à utiliser toutes les ressources et tous les ressorts possibles en sollicitant tous les supports appropriés pour informer, encourager, éduquer. Il pourra ainsi utiliser la dimension culturelle, du timbre-poste entre autres, en éditant des timbres à messages pédagogiques sur des thèmes d'intérêt collectif comme la sécurité routière, les dangers de la route, la nocivité de l'abus d'alcool, du tabac, la nécessité de protéger l'environnement etc.

 

La République doit assurer à chacun la liberté et la garantie de ses droits. Elle doit dans le même temps avoir la capacité d'exiger de chacun le respect, la garantie de la liberté et des droits des autres. Cette garantie, la République la doit à tous, et plus particulièrement aux plus fragiles de ses fils et filles. Insécurité et démocratie sont antinomiques. Rendre la justice, faire respecter la loi et le droit doivent être son credo. Un Etat républicain, c'est avant tout un Etat qui sait faire respecter ses lois, en faisant ressortir la nécessité et l’utilité de chacune d’elles pour tous. La sécurité est la première des libertés ; sans elle, il n'est ni justice, ni égalité, ni droits de l'homme par conséquent.

 

Un acte de délinquance, quel qu'en soit le degré de gravité doit appeler réparation, mais réparation appropriée, à la mesure de la nature et de l'échelle du délit. Un acte de délinquance impuni constitue un appel d'air qui, à terme, porte atteinte à la qualité de vie d'un quartier, d'une cité... C'est de toute manière, un coup porté à la démocratie. Personne ne doit se sentir contraint de vivre indéfiniment les actes d'incivilité commis par une minorité au sein de la collectivité ; ceci engage la responsabilité de l'Etat. La loi fonde la République par les idées d'égalité et de protection des citoyens qu'elle incarne. Le respect de la loi est donc fondamental car condition de la survie de la République. L'impunité à l'égard de ceux qui transgressent les lois de la République constitue une faiblesse mortelle pour celle-ci.

 

Mais, de même que l'impunité tue la démocratie, trop de lois tue la loi. Il ne sert à rien d'accumuler des lois, fussent-elles les meilleures du monde, si elles ne sont pas appliquées.

LA RÉPUBLIQUE, LA VIE DANS LA CITÉ. CITOYENNETÉ, CIVISME.

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La loi, colonne vertébrale de la République et de la démocratie

 

« Sorti de l’esclavage, je n’ai d’autre maître que moi, mais de ma liberté, je ne veux faire usage que pour obéir à la loi », proclame un slogan des Révolutionnaires de 1789.

 

Que faut-il entendre par lois ?

Des textes représentant la volonté du peuple, clairs, lisibles, compréhensibles du plus grand nombre, adaptés, diffusés, commentés, appliqués, ayant pour finalité la régulation harmonieuse des rapports sociaux.

Or, en France, de bonnes lois sont votées (de moins bonnes aussi parfois sans doute), mais trop de lois sont marquées de deux faiblesses majeures.

La première est que leur nombre excessif et leur empilement font que l'adage « nul n'est censé ignorer la loi » doit être révisé et amendé puisque bon nombre de Français ne semblent pas intellectuellement aptes à décrypter des articles de lois fondamentaux, complexes dans leur formulation et impossibles à suivre au jour le jour.

La seconde faiblesse qui découle de la première, c'est la non-application effective de la plupart de ces lois, parfois faute de moyens matériels et humains, mais aussi parce qu'elles n'ont pas pénétré culturellement une fraction de la population par manque de simplicité et surtout de pédagogie.

A quoi cela sert-il de voter une bonne loi si elle n'est pas appliquée ou pire, si elle n’est pas applicable ? D'autant plus que cela induit dans l'esprit des citoyens que la loi n'est pas faite pour être respectée. La capacité d'expression démocratique des citoyens s'en trouve amoindrie de même que l'esprit civique car « les nations ont le visage de leur justice ». A-t-on fait ou fera-t-on un jour l'inventaire de lois vouées aux oubliettes, une étude portant sur les textes de loi votés, promulgués et non appliqués en France ? Quel est le pourcentage de textes de loi non appliqués sur la quantité de textes votés en une année ? En une décennie ? Et quelles sont les raisons de la non-application ? Tel pourrait être un bon sujet de mémoire d'étudiant en droit, voire de thèse de doctorat.

Est-ce un hasard si les « Rapports de la Commission d'enquête sur la délinquance des mineurs » publiés par le Sénat portent le sous-titre : « La République en quête de respect ? »

République, loi, respect sont consubstantiels, inséparables. Aucun de ces termes n'est viable sans les autres. Force doit rester à la République pour faire respecter la loi.

Le fait que de plus en plus de jeunes issus de l'immigration soient concernés par les statistiques de la délinquance tel qu'il apparaît dans cette enquête sénatoriale n'implique-t-il pas un rappel du passé colonial de la France, mais surtout, d’un déficit d’attention spécifique à l’endroit de ces jeunes (futurs citoyens) ?

A-t-on cherché à les connaître ? Leur a-t-on enseigné la République et ses valeurs ? Où ? Comment ? Qui ?

S’est-on soucié d’égalité, en donnant plus à ceux qui ont le moins, pour se construire et construire ?

Bref, s’est-on soucié de leur impréparation véritable à la France et à la République ?, À la société française ?

(Voir : Tidiane Diakité, France que fais-tu de ta République ?, L’Harmattan.)

 

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14 juin 2015 7 14 /06 /juin /2015 09:16
QU’EST-CE QUE LA FRANCE ?

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QU’EST-CE QUE LA FRANCE ?

 

La France dans le monde, hier et demain

 

La France n'est ni une simple province du monde, ni un simple quartier du village planétaire. La France, c'est le monde, par la géographie, l'histoire, la culture, par l'impact du génie français sur l'univers tout entier. À y regarder de près, rares sont les nations du monde qui ne retrouveraient pas un peu de leur histoire dans l’histoire de France. La première raison de cet universalisme est sans doute géographique. L'espace national français couvre le monde entier. Cette présence planétaire lui confère le deuxième espace maritime mondial ainsi que le bénéfice d'une diversité climatique unique : tous types de climat, flore et faune. Une telle position l'associe implicitement à la gestion et à la coresponsabilité du monde, liant son sort à celui du reste de la planète. Sa langue est en conséquence l'une des langues internationales après avoir été la première langue de la diplomatie et de la culture pendant plus de trois siècles, jusqu'au traité de Versailles en 1919, au lendemain de la Première Guerre mondiale ; 180 millions de personnes vivant pour la plupart dans d'anciennes colonies françaises l'utilisent quotidiennement et prioritairement. La France a inventé des formes originales de liens politiques avec des pays d'Afrique et les États francophones du monde, matérialisées par les institutions des sommets France-Afrique et la Francophonie. La France maintient en permanence des troupes en maintes régions du globe, pour le pire ou le meilleur.

 

Elle possède le quatrième commerce extérieur du monde, et occupe la troisième place pour les investissements dans le monde. Elle est en retour le troisième pays d'accueil pour les investissements étrangers. Les entreprises françaises détiennent une participation dans plus de 16 000 entreprises dans le monde ; ces filiales emploient 2 550 000 salariés. Un Français sur quatre est concerné par les activités de la France avec l'étranger. Cette diversité française unique en Europe et dans le monde fait de la France le pays le plus visité au monde avec en moyenne 70 millions de touristes par an (83,7 millions en 2014), devant les États-Unis.

 

La deuxième raison qui identifie la France au monde est historique au sens large, au-delà de l'histoire de la colonisation ; elle est aussi culturelle et scientifique. Qu'est-ce qui différencie fondamentalement la France des autres nations d'Europe et du monde ? Les valeurs fondatrices de la société française et de la République mettent en avant ce qui unit les hommes et les élève vers plus d'humanité. Une étude comparée succincte des grandes révolutions politiques qui ont marqué l'histoire des nations du XVIIe au XXe siècle permet de percevoir la spécificité du cachet français. Nous retiendrons dans cette perspective les révolutions anglaises du XVIIe siècle, la révolution américaine du XVIIIe siècle et la révolution bolchevique de 1917.

QU’EST-CE QUE LA FRANCE ?

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Au service de l’universel

 

L'Angleterre connut deux révolutions au XVIIe siècle. Au cours de la première en 1649, les Anglais décapitèrent leur roi, soit plus d'un siècle avant l'exécution de Louis XVI en France, en 1793. Beaucoup, par « révolution » n'entendent que la Révolution française de 1789. Or, les Anglais eurent deux révolutions de la même importance. La seconde en 1688 donna lieu un an plus tard à la rédaction de la Déclaration des droits qui signa la fin de l'absolutisme dans ce pays. Mais avant, il y eut la Grande charte de 1215, qui fut en réalité une charte des droits seigneuriaux imposée au roi Jean Sans Terre par ses barons révoltés. Cette charte fut considérée comme le premier texte constitutionnel de l'Angleterre et de ses libertés. L'Habeas Corpus de 1679 fut aussi un moment important de l'aspiration des Anglais à plus de droits et de libertés. Cette institution eut en effet pour objet de garantir la liberté individuelle en mettant un terme à la pratique des arrestations et des détentions arbitraires dans le pays.

 

Les Américains, par leur Déclaration du 4 juillet 1776 fondant les Etats-Unis d'Amérique, s'affranchissent du joug anglais et proclament dans le préambule de ce texte fondamental que Tous les hommes naissent égaux ; que leur Créateur leur a donné certains droits inaliénables parmi lesquels sont la vie, la liberté et la recherche du bonheur ; que pour garantir ces droits, les hommes instituent des gouvernements dont le pouvoir légitime provient du consentement des gouvernés... . Texte capital dont s'inspireront les révolutionnaires français treize ans plus tard.

QU’EST-CE QUE LA FRANCE ?

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Quant à la révolution russe de 1917, elle eut pour vocation première d'abattre le régime tsariste et de libérer l'homme du joug du capitalisme. Mais elle proclama aussi la révolution dans un seul pays.

1789 : le droit 

    Les Français ont la parole

 

La Révolution française de 1789 tranche par son audace, sa profondeur, sa complexité et ses prolongements. Même si le système politique établi en Angleterre au XVIIe siècle devient le modèle des philosophes du XVIIIe (Voltaire notamment) et que la révolution américaine proclama que tous les hommes naissent égaux, aucune de ces révolutions antérieures à 1789 n'eut à l'instar de la française, autant de retentissement et ne fit preuve d'autant de générosité universelle. La France fut la seule nation au monde qui se soit mis en tête de faire sa révolution nationale pour l'Humanité entière, d'étendre à l'ensemble des peuples du monde le bénéfice de la liberté et des droits de l'Homme, parmi lesquels le droit au bonheur. Bref, elle voulut faire de sa révolution nationale une révolution universelle, pour tous les hommes de tous les temps. C'est la seule nation du monde qui, sortie de chez elle, se lança dans une croisade titanesque pour libérer l'homme de l'oppression et lui garantir le bonheur. Qu'elle l'ait fait au son du canon et au cliquetis des sabres, qu’elle ait, ce faisant commis des erreurs, parfois des fautes lourdes, voire des crimes, en totale contradiction avec l’idéologie humaniste proclamée, n'enlève rien au fonds d'ardente générosité qui l'anima.

Système métrique décimal
Système métrique décimal

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Unification des poids et mesures

 

Dans la foulée de la révolution politique, la création du système métrique décimal en constitue un symbole éclatant. En effet, dès le début de la Révolution, germa l'idée d'une opération d'une extrême importance : l'instauration du système métrique décimal offert par la République française à tous les hommes, à tous les temps. Cette volonté d'universalité réside dès l'origine dans la conception et la définition même du nouveau système de mesures. C'est le quart du méridien terrestre, c'est-à-dire la terre même et le méridien, communs à tous les hommes : idée de justice et d'égalité à l'échelle du monde incarnée dans un système de mesures uniformes et universelles. Le tout partit du désir de satisfaire les revendications du petit peuple de France souhaitant alléger le poids de ses charges par l'établissement sur toute l'étendue du royaume, de mesures identiques pour éviter l'inégalité et l'injustice de deux poids deux mesures.

 

Système totalement inédit qui devait surprendre le monde par son envergure et qui allait changer le rapport des hommes à la mesure du monde. La Convention a voulu fabriquer ces mètres qui vont instituer l'égalité dans les échanges et la fraternité entre les peuples. Ainsi, si la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen avait fait les hommes égaux devant la loi, le système métrique les fit égaux devant la mesure des choses. Le génie de la France s'était manifesté en faisant de ce système métrique décimal, le résultat d'une rencontre entre philosophes, hommes politiques et scientifiques, pour la première fois dans l'histoire. Ainsi, en un lieu, pour une cause, se trouvaient donc mêlées la philosophie, la politique, la science pour le service de l'humanité et le rapprochement des esprits sur terre. A cet effet fut créé le Bureau International des Poids et Mesures connu sous le sigle BIPM dans toutes les langues du monde et qui, dès 1875, fut la première organisation internationale abritée par la France.

 

Aventure unique, en 1791 la France trop heureuse d'offrir ce présent au monde, le mètre, à l'humanité, s'efface devant l'objet qu’elle a créé, et qui, étant à tous, n’est plus à elle seule. Elle se fond dans le concert des nations, qui sont toutes égales. (Denis Guedj, Le Maître du Monde).

 

Le génie français au service de l'universalisme, généreux et désintéressé généra d'autres actions similaires. La renaissance des jeux olympiques antiques en est un autre exemple. Jaillie du cerveau d'un seul homme, le baron Pierre de Coubertin, cette idée fut mise au service de l'égalité et de la fraternisation des peuples de la terre.

 

Ce rénovateur réunit en 1894 quatorze nations en France, pour le rétablissement des Jeux Olympiques dont la première compétition de l'ère moderne eut lieu à Athènes en 1896 selon sa volonté : que ces premiers jeux aient lieu non pas en France mais en Grèce. Et là également, la France s'efface devant l'objet qu'elle a recréé et qui, étant à tous, n'est plus à elle seule ; elle se fond dans le concert des nations, qui sont toutes égales. Et comme l'invention du système métrique, l'instauration des jeux olympiques modernes part d'une nouvelle vision du monde, égale, fraternelle et généreuse. Dans la même veine s'inscrit la proclamation de la Déclaration universelle des Droits de l'homme de 1948 sous l'égide de l'Organisation des Nations unies directement inspirée de la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen de 1789, à l'initiative du juriste français René Cassin qui la fit adopter, de même qu'il prit une part importante à la fondation de l'UNESCO.

Champollion (1790-1832)
Champollion (1790-1832)

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Les Lumières de l’Égypte antique

 

Faut-il également rappeler l'œuvre de Jean-François Champollion qui, en déchiffrant les hiéroglyphes, a ouvert un nouveau monde, un nouvel univers à la fois géographique et culturel ? Le génie français eut bien d'autres occasions de se manifester en irriguant le monde des fruits de son excellence. Plus contemporaine encore cette initiative française : faire de la médecine un combat humanitaire pour la santé de tous mais aussi pour la liberté, les droits de l'Homme et le droit au bonheur à l'échelle planétaire. A l'instar des soldats de l'An II hier, ces croisés de l'universel en blouse blanche, sortis de leur France natale, se lancèrent à la conquête du bien-être pour tous en sillonnant les routes de la planète entière. C'est cela la France. Dans cette activité, au-delà de la médecine, dans cet idéal d'humanisation du monde, le présent rejoint le passé, dans la fidélité à la vocation de la France : l'Universel marié à l'Humanisme. France rime ainsi avec Humain et Universel.

 

L'histoire de Médecins sans frontières est donc une autre illustration de cette ouverture de la France au monde, comme si ses frontières nationales se fondaient dans celles du monde entier. Un bref rappel de la naissance et de l'action de ce mouvement permet de le constater. Tout commence avec l'effroyable guerre civile dans la province du Biafra au Nigeria, de 1967 à 1970, avec ces images insoutenables d'enfants squelettiques au ventre démesurément boursouflé. Des médecins français dont Bernard Kouchner, Max Récamier et plusieurs autres s'engagèrent alors dans une action humanitaire d'une grande ampleur en faveur des victimes de cette guerre. C'est ainsi que voit le jour à Paris, en 1971, Médecins sans frontières, le mouvement des French Doctors dont sera issu Médecins du Monde en 1979.

QU’EST-CE QUE LA FRANCE ?

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La médecine pour tous

 

La scission entre les deux organisations survenue sur fond de divergences internes a, en elle-même, une charge symbolique significative : Médecins sans frontières se sépare de Médecins du monde mais en fait de séparation, on ne perçoit qu'une simple question de forme et de stratégie ; le fond reste scrupuleusement identique. C'est le service offert au monde par des Français mus par un idéal humanitaire. Deux dénominations distinctes pour une action et une vocation identiques. L'action des deux organisations couvre le monde qu'elle sillonne et irrigue, généreuse et désintéressée, altruiste et efficace, porteuse de soins, d'humanité, d'espérance et de foi en l'homme. Aucune partie de l'humanité souffrante n'échappe à cette action : l'Afrique, l'Asie, l'Amérique, l'Europe, du Rwanda au Zaïre, de l'Afghanistan à la Corée du Nord, du Nicaragua au Honduras, de la Tchétchénie à la Bosnie, des Boat people vietnamiens aux réfugiés du Kosovo... Partout où les cataclysmes naturels et la folie des hommes compromettent le droit naturel et légitime des individus à une existence décente et paisible, sans distinction idéologique, culturelle ou religieuse. Partout où l'homme a besoin de l'homme contre les maux du ciel et de la terre, pour une Humanité réconciliée avec elle-même. Dans cette aventure à la fois unique et insensée du cœur et de l'intelligence, l'homme devient le remède de l'homme.

 

Cette action humanitaire planétaire reconnue comme telle, vaudra à l'organisation des distinctions symboliques comme en 1991 le prix européen des droits de l'Homme, ainsi que la Philadelphia Liberty Medal ou encore, en 1993 la médaille Nansen décernée par le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) honorant son action auprès des réfugiés du monde. Enfin, pour couronner le tout, le prix Nobel de la Paix décerné en 1999 comme une juste récompense d'une cause noble.

 

En ce domaine comme en bien d'autres par le passé, la France apparaît comme le porteur du flambeau de l'humanitaire, destiné à éclairer le monde, frayant le chemin de la générosité et de la fraternisation universelles que d'autres pays suivirent. C'est alors que sont nés Médecins sans Frontières de Belgique en 1980, Médecins sans Frontières de Suisse en 1981 puis de Hollande en 1984, du Luxembourg et d'Espagne en 1986...

 

Cette croisade européenne pour une vie meilleure aboutit, à Cracovie en Pologne, à la signature le 31 mars 1990, de la Charte européenne de l'action humanitaire avec pour principes fondateurs le refus de l'exclusion, de la discrimination, de la torture et des manipulations génétiques mais aussi, la réaffirmation de l'engagement de la médecine humanitaire en faveur du respect des équilibres écologiques, de l'assistance à toutes les victimes et du droit international humanitaire. Cette charte émane de la philosophie des médecins français.

 

Médecins du Monde milite également en faveur de la création de la Cour Criminelle Internationale, qui doit permettre de juger des personnes responsables de génocides, de crimes contre l'humanité et de violation du droit international humanitaire. Faut-il rappeler par ailleurs que de tous les pays du monde, la France est celui où le taux d'adoption d'enfants par rapport à la population est le plus élevé (statistiques 2004)? Ce pays a une tradition d'humanisme et de compassion. Les actes de philanthropie et d'ouverture au monde à l'actif des Français sont légion, l'histoire en est jalonnée, héritage unique à l'échelle du globe.

Joachim Du Bellay (1522-1560)
Joachim Du Bellay (1522-1560)

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« France, mère des arts, des armes et des lois »

Et demain ?

 

Que faut-il souhaiter à la France du XXIe siècle et des siècles à venir ?

 

>Que l’héritage légué par l’histoire et le passé guide le futur.

>Que ce passé, qui fit sa singularité parmi les nations et fit de la France le porte drapeau de la liberté et du droit au service de l’universel, lui permette de « réhumaniser » le monde, et tout particulièrement les rapports entre Français.

>Que la France reste la France.

T. Diakité, France que fais-tu de ta République ?, L’Harmattan.

QU’EST-CE QUE LA FRANCE ?

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